La Paruline couronnée
Il a fallu mon ami Mario, du Témiscamingue, pour me donner le nom de ce bel oiseau, tout à fait nouveau pour moi.
Cette paruline (Seirus aurocapillus, Ovenbird), dit Roger T. Peterson, dans son guide Les Oiseaux de l’est de l’Amérique du Nord (Laprairie, Éditions Broquet, 1989), habite généralement au sol, en forêt. Mais, en migration, on la retrouve dans les fourrés.
Je la découvre d’abord aux alentours des silos de chardon, mais jamais elle n’y mange. Elle ne cherche pas non plus à gober mouches ou chenilles. Elle n’a qu’un désir : ne pas me perdre de vue. Je l’intrigue. Elle me suit sur le terrain. Je quitte le poste d’alimentation de chardon, passe devant la maison pour me rendre au verger et la voilà aussitôt. Elle entre même dans le verger avec moi, se perchant toujours à proximité. Sans doute est-ce une jeune paruline de l’année, car le type de bête à qui j’appartiens la fascine. Elle ne semble pas en avoir vu d’autre pareille dans ses forêts fréquentées.
James M. LeMoine (Ornithologie du Canada, 1861) l’appelle Grive couronnée. À son sujet, il écrit :
Cet oiseau a la taille et le bec effilé des Fauvettes sans en avoir la vivacité ou le genre de vie. Il est classé maintenant avec les Grives, avec lesquelles il a de l’analogie dans le caractère, et les mouchetures de ses parties inférieures. Ses habitudes sont celles de la Grive solitaire; il se plaît dans les bois épais, solitaires et arrosés par des ruisseaux; il ne se perche que sur les arbrisseaux ou sur les branches les plus basses des arbres. D’un naturel silencieux, il vit toujours isolé, si ce n’est au printemps où l’on rencontre quelquefois le mâle et la femelle ensemble. […] Elle nous quitte l’automne et passe son quartier d’hiver à St. Domingue, à la Jamaïque et dans les contrées voisines. […] Assez rare dans le Bas-Canada, elle fréquente l’Ouest de la province, sans se rendre au Labrador.
Dans Les oiseaux du Canada (Québec, 19883), Charles-Eusèbe Dionne, qui la nomme aussi Grive couronnée, la dit «assez commune». Elle se tient d’ordinaire à la lisière des bois où elle cherche sa nourriture, le plus souvent à terre sous des feuilles sèches. Il n’est pas rare de la voir, au printemps et à l’automne, dans les jardins, cherchant sur le sol larves et insectes.
P. A. Taverner (Les Oiseaux de l’Est du Canada, 1920) continue de l’appeler «Grive couronnée», mais il est sur le point de basculer. Les oiseaux du genre Seirus ressemblent plus à des grives qu’à des fauvettes, comme on l’indique par les noms populaires de «grive couronnée» ou de «grive des ruisseaux» qu’on leur donne quelquefois. Mais ce sont, en réalité, de véritables fauvettes de mœurs forestières; oiseaux du sol qui marchent au lieu de sautiller; de taille plutôt grande pour des fauvettes; de couleur brune ou d’un olive foncé en dessus, les dessous blancs avec la poitrine fortement rayée.
Dans Les oiseaux nicheurs du Québec, Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional (1994), sous la direction de Jean Gauthier et Yves Aubry, Pierre Drapeau et Marcel Darveau, les auteurs du texte sur la Paruline couronnée, expliquent ainsi l’appellation anglaise d’Ovenbird pour cet oiseau. Il semble que la femelle construise seule le nid. Celui-ci, en forme de coupe, est posé au sol, recouvert d’un dôme herbacé ou encore caché sous des branches ou sous un vieux tronc. Cette structure n’est pas sans rappeler un four à pain, ce qui explique le nom anglais de l’espèce : Ovenbird.
L’espèce est très fréquente dans les régions où domine la forêt feuillue ou mixte. Elle a aussi été observée en forêt coniférienne, quoique moins souvent. On sait qu’elle fréquente les sapinières et qu’elle est une des espèces les plus typiques des peuplements de peupliers et de bouleaux de la forêt boréale. […] Si l’on compare les données actuelles à celles plutôt fragmentaires du tournant du siècle, il semble que la répartition et l’abondance de la Paruline couronnée n’aient pas changé de façon notable.
Drapeau et Darveau signalent que les études montrent que, là, où on a fragmenté les forêts, on assiste à une baisse substantielle de populations de Parulines couronnées dans les boisés urbains, périurbains et ruraux. Et une étude ontarienne a permis de savoir que cette paruline ne tolère pas le développement de la villégiature dans son habitat. Des inventaires réalisés dans les parcs de la région de Montréal en arrivent à la même conclusion.
Et hop ! On ajoute à la grande biodiversité de l’Arche..!
Après avoir eu le privilège d’observer ce bel oiseau d’aussi près, tout comme vous, chanceux que vous êtes, eh bien veux veux pas, on s’en souvient..!
Merci de nous témoigner de cette unique rencontre… et vous en souhaitant tout plein d’autres..!
Mario
Merci, merci infiniment, cher Mario, en particulier de votre présence, de votre aide dans mon monde d’oiseaux.