«L’invasion féminine»
La féminisation de plusieurs métiers et professions ne date pas des trente dernières années. Aux États-Unis, déjà elle démarre en force au début du 20e siècle. L’Album universel (Montréal) du 21 juillet 1906 la qualifie d’invasion féminine.
Elle est surtout redoutable aux États-Unis, où, d’après une statistique qui vient de paraître, les femmes ont forcé l’entrée dans 300 sur 303 professions ou métiers qui faisaient jadis l’apanage exclusif du sexe masculin.
Nous ne donnerons que quelques chiffres de la statistique, qui suffiront pour se faire une idée de l’intensité du mouvement féministe. On y compte à l’heure qu’il est chez nos voisins :
193 femmes-forgerons, 8 chaudronnières, 126 couvreuses en plomb, 409 électriciennes, 1,041 architectes, 167 femmes-maçons, 545 femmes-charpentiers, 45 stuccateuses, 1,759 pintresses en bâtiment, 989 femmes-carriers, 904 femmes-voituriers, 84 techniciennes, 1,668 mécaniciennes de chemin de fer, 48 conductrices d’omnibus, 571 machinistes, 323 femmes croque-morts, 5,574 coiffeuses, 8,119 femmes-médecins, 807 dentistes, 11,031 artistes, 2,192 journalistes, 1,010 femmes-avocats, 3,378 prédicatrices, 10,556 agentes de commerce, 85,246 employées aux écritures, 74,153 comptables, 150,000 vendeuses, 3,000 commissionnaires, 879 gardiennes de nuit, 86,118 dactylographes, etc., etc.
Sur le nombre de celles qui savent préparer une soupe, la statistique est muette. C’est probablement l’affaire des hommes.
Mais où est le poète qui chantera les 323 femmes croque-morts ?
Cette gravure est parue en première page de l’Album universel du 3 janvier 1903. On la retrouve sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, au descripteur «Femmes automobilistes».