N’abattez pas les oiseaux !
Sous le titre «Une action indigne», l’hebdomadaire La Tribune (Saint-Hyacinthe) du 26 juillet 1889 publie ce qui est sans doute un article provenant de la presse en langue française européenne.
Je voyais l’autre jour un jeune garçon de cultivateur s’amuser à tirer du fusil sur les pauvres grives qui avaient eu le malheur de faire leur nid près des habitations de la ferme. N’est-ce pas une indignité ! Mais à l’heure de plus en plus difficile, à cause de la quantité effrayante d’insectes nuisibles de toutes espèces qui s’abattent sur les moissons et les détruisent, tuer nos seuls défenseurs, pour ainsi dire, contre cette armée envahissante d’ennemis terribles, n’est-ce point de la folie, je vous le demande ?
Pour aucune considération, à moins que ce ne soit dans un but scientifique, le cultivateur ne devrait détruire ses amis, ses auxiliaires, parmi lesquels je nommerai les crapauds, qui sont de braves travailleurs nocturnes et qui consomment une grande quantité d’insectes nuisibles.
Les oiseaux en général, surtout les grives, les troglodytes, les mésanges, les orioles, les coucous, les oiseaux bleus, les hirondelles, les titris, les meuleschats, etc., etc. Parmi les oiseaux, les moineaux peuvent être comptés comme des oiseaux nuisibles et très nuisibles; ils sont déjà une vraie plaie pour le pays. Parmi les insectes, plusieurs espèces de guêpes, les demoiselles, sont très utiles.
Il me semble que cette manie de tuer, de détruire, que l’on remarque souvent chez les enfants, provient de l’éducation qu’ils reçoivent à la maison paternelle. Cultivateurs, mes amis, si vous voulez protéger vos moissons, encouragez vos enfants à être doux et humains en les empêchant de détruire, de dénicher les auxiliaires que la providence nous a donnés.