Problèmes de traduction ?
Il arrive que les traductions de noms de lieux soient tout à fait loufoques. Le quotidien montréalais La Patrie en donne des exemples le 11 juillet 1889.
Le Mail fait remarquer, en reproduisant un article [d’une] revue américaine qui signale les traductions de noms grotesques que font quelquefois nos compatriotes aux États-Unis, que cette manie n’est absolument pas particulière aux Canadiens-français.
Cette mauvaise habitude a deux côtés, comme l’indique le Mail, et, si les Canadiens-français traduisent leurs noms en anglais, ils traduisent aussi les noms anglais en français, à leur façon s’entend, mais aussi les Anglais se vengent facilement en traduisant en anglais des noms français.
Dans le bas St-Laurent, par exemple, les pêcheurs anglais ont travesti de la façon la plus curieuse des noms français qui étaient déjà une traduction de noms anglais.
Par exemple, Fond de Baie qui est l’extrémité du St-Laurent est devenu Bay of Fundy; l’Anse au gris fond est devenu Griffin’s Cove; Cap d’Espoir est devenu Cape Despair; Pointe des Monts à d’abord été appelée Demons Point et ensuite Devil‘s Point. L’Anse au Coq est couramment nommée Cock Cove; Mille Roches est devenu Mill Rush.
L’abbé Ferland dit qu’un faubourg de Québec a été d’abord nommé Sheperdville, du nom d’un résident anglais, Sheperd, qui en était l’habitant le plus important. Les Français ont traduit Bergerville [à Sillery] et les Anglais l’ont ensuite converti en Beggarville.
Rainy Lake près du lac Supérieur avait été d’abord nommé par les trappeurs français Lac au Renne, dont les Anglais ont fait Rainy Lake que les Français ont ensuite retraduit en Lac à la Pluie.
On peut en outre citer les corruptions de mots suivantes : Stanfold devenue Ste Folle, Somerset, St Morissette et Suvernss, l’Ivrognesse.
L’image du Lac-à-la-Pluie, tout au nord du Minnesota, à la frontière canadienne, provient de la page Wikipédia qui lui est consacrée.
On ne peut plus parler ici de « coquilles », c’est plutôt terrible d’incongruité ! J’en suis tout simplement renversée… avec un immense sourire !
Certains de mes amis spécialistes de la toponymie québécoise pourraient facilement, chère Esther, rallonger la liste.