Pour une histoire du chat au Québec (1608-1700)
Les premiers chats arrivent par bateau en Amérique avec les Européens. Auparavant, les Amérindiens ne connaissent pas ce félin de poche. Dans son étude des ossements d’animaux trouvés sur le site de l’Habitation de Champlain, la zooarchéologue Anne Meachem Rick affirme que les chats descendent à Québec dès le début de la colonie. Si les Européens emmènent des chats, c’est qu’ils transportent aussi malencontreusement des souris et des rats. Rien de mieux sur les bateaux, pour faire la chasse aux rongeurs, qui pourraient s’attaquer à la provision d’aliments de la traversée. D’ailleurs, au 17e siècle, le ministre français des Colonies, Jean-Baptiste Colbert, oblige chaque capitaine de navire à avoir à son bord, en partance de France, au moins trois ou quatre matous.
À Québec, les Hurons sont les premiers Amérindiens à faire connaissance avec le chat. En 1623-1624, pour s’attirer leurs bonnes grâces, le missionnaire récollet Gabriel Sagard les reçoit au couvent lors d’un grand repas. Celui-ci raconte: «Avant mon départ, nous les conduisîmes dans notre couvent, nous leur fîmes festin et toute la courtoisie et témoignage d’amitié à nous possible, et leur donnâmes à tous quelque petit présent, particulièrement au capitaine et chef du canot, auquel nous donnâmes un chat pour porter en son pays, comme chose rare et à eux inconnue; ce présent lui agréa infini et il en fit grand état; mais voyant que ce chat venait à nous lorsque nous l’appelions, il conjectura de là qu’il était plein de raison et qu’il entendait tout ce que nous lui disions; c’est pourquoi, après nous avoir humblement remercié d’un présent si rare, il nous pria de dire à ce chat que quand il serait en son pays, il ne fit point du mauvais et ne s’en allât point courir par les autres cabanes ni par les forêts, mais demeurât toujours dans son logis pour manger les souris, et qu’il l’aimerait comme son fils et ne lui laisserait avoir faute de rien.»
À Québec toujours, les archéologues ont retrouvé les restes d’une dizaine de chats du 17e siècle, en particulier chez le gendre de l’apothicaire Louis Hébert, Guillaume Couillard, là où se trouvent aujourd’hui, tout en haut de la côte de la Montagne, le parc Montmorency et le séminaire. Il faut donc imaginer ces lieux fréquentés par au moins un chat, filant calmement son chemin dans les environs, couché quelque part au soleil, tapi, à observer un oiseau, imaginant le bonheur de l’avoir sous la dent, ou, la nuit, faisant la chasse à un rat. À moins qu’il ne soit là à se livrer à un concert amoureux avec la chatte du voisin en chaleur…
Mille fois « BRAVO » Monsieur Jean Provencher
J’adore votre petit coin pour ces félins ADORABLES et leur histoire au Québec.
J’ai toujours adoré vous entendre, j’aurais tant aimé faire de la radio avec vous à CHRC à l’époque.
J’ai placé votre lien sur mon site http://www.felin.ca
André Paillé
http://www.andrepaille.com
Merci, Monsieur Paillé. Bons et beaux chats à vous.
Charmante petite anecdote historique!
Très appréciée,vraiment…
Au plaisir de vous relire…
Merci, chère Madame.
Bravo Monsieur Jean, mon historien préféré!
Au plaisir de te lire encore et encore!
Merci, chère Marie-France, merci beaucoup.
Un pur plaisir cette page consacrée au chat et aux péripéties de sa vie depuis son arrivée en Nouvelle-France. Quelle bonne idée de l’offrir aux lecteurs de ton blogue qui connaissent maintenant Ju-Ju, un chat au destin pas complètement étranger à celui de ses ancêtres.
Je pensais justement à mon chat, qui s’est présenté à ma maison de campagne. Avec le comportement des premiers chats qui sont arrivés en Amérique. Loin des chats domestiqués. Avec une partie de lui absolument autonome, mais une autre prêt à rencontrer qui serait prêt à le respecter dans ce qu’il est, même si sa vie est costaude, très exigeante.
Merci beaucoup pour cette réflexion.