Aujourd’hui : l’Irlande

En ce pays-ci, le soleil n’a pas de chance. Même s’il pleut, il fait beau. Et que le silence. Ni de bruit de vent, ni de chants d’oiseau. Simplement la pluie. Aucun papillon, la pluie les alourdit, ils ne sortent pas.

On dirait givrées les pivoines à venir. Dans une des fenêtres de l’étable, une marmotte calme observe, prend connaissance, prend le pouls. Un roselin aussi, haut perché dans le pin. Une fougère, comme une main, a cueilli une samare. Bellement.

Je marche. Et j’aime tant.

Mais je suis quand même un peu triste, j’ai perdu mes têtards. La pluie a trop tardé. Mon fossé s’est asséché. Plus que de la vase. Moi dépouillé et le cerceau devenu nu. J’y lis même le passage d’un raton laveur. À gué.

Chère Vie. Comment te dire ? Tu n’es pas sortable. Tu donnes vraiment tout, belle gueuse, à qui «disponible», mais tu exiges toujours tout, qu’on se mette à genoux à un moment. C’est bien là ce qu’il nous faut apprendre. Et j’aime ces manifestations diverses autour de moi, prudentes à ton égard, qui ont vu neigé, qui commencent à te connaître manifestement. Davantage que moi. C’était donc ça le Fiat en question !

* * *

Parlant de ratons à Vous de ce côté-ci, la mère et ses petits, sagement, ont déserté. Pierre, mon ramoneur, passé hier, me dit qu’il ne les a pas aperçus à la cave. Je n’aurais su que faire.

Allez, je dois rentrer, chauffer un peu le poêle, le temps est frais.