Non, mais quel hiver !
À Joliette, on n’en revient toujours pas de l’hiver 1886-1887. Toute la ville fut immobilisée. L’hebdomadaire L’Étoile du Nord en cause à nouveau le 10 mars 1887.
Quel dur hiver nous avons eu ! La neige s’élève à une hauteur inouïe depuis longtemps; les édifices semblent vouloir disparaître sous ces blancs amas entassés comme des montagnes.
La route des piétons est bordée de blanches murailles qui nous dérobent la vue des maisons; les chemins sont encombrés et rendent difficiles les communications.
Il est à craindre des inondations, si cette immense quantité de neige vient à fondre dans un court espace de temps. Les paroisses situées près du fleuve auront à déplorer peut-être de tristes accidents qui amènent presque toujours la crue des eaux [sic].
Le commerce, cette année, par suite de ces terribles bourrasques que nous avons eues si souvent, a souffert; a eu de rudes épreuves, et a rencontré de grands obstacles.
Tout a semblé conspirer contre lui, pour diminuer son action; les communications rendues impossibles par de fortes et fréquentes tempêtes de neige, qui obstruaient toutes les voies, et par suite, notre marché désert, la rareté des étrangers, ôtaient l’aliment essentiel à son action et laissaient dans une cruelle attente les marchands de la cité. Malgré ce ralentissement dans les affaires, les gens de commerce de notre ville ont tenu bon. C’est une preuve en faveur de leur économie et de leur sage administration.
Une chose qui étonne tous ceux qui visitent notre petite ville : c’est le grand nombre de marchands qui y exercent leur négoce. Il semblerait de prime abord qu’ils sont trop nombreux relativement à la grandeur de cette ville; cependant tous y trouvent assez facilement leur moyen d’existence et rencontrent bien leurs affaires, plusieurs même y font un trafic brillant. L’esprit d’activité et d’entreprise que son fondateur l’Hon. Barth. Joliette l’a animé dans le commencement semble y régner encore.