Bouboule est partie
L’heure n’est pas aux épanchements, car beaucoup de gens sont absolument indifférents aux animaux domestiques. Mais je m’adresse à ces personnes qui, régulièrement, me demandaient des nouvelles de Bouboule, dont j’étais tant attaché. Constante présence de vie dans ma maison, elle avait d’ailleurs choisi ce lieu, alors qu’errante dans le quartier, elle s’était présentée un matin de juillet 1992 par la porte arrière, ouverte.
Elle est partie vendredi, le 31, à deux heures et demie. Déjà, il y a deux ans, elle avait touché l’éternité. Car la table de concordance chez ma vétérinaire dit qu’une vie de chat longue de 20 ans équivaut à une vie humaine de 100 ans. Et ma belle chatte aurait eu 22 ans le 20 mars prochain.
Il m’a fallu m’y résigner. Même si elle avait encore les yeux très clairs, elle marchait de plus en plus lentement, usée. J’en prenais beaucoup soin. À la fin, elle ne faisait plus que se traîner, la pauvre.
Elle sera incinérée, je récupérerai ses cendres dans une semaine et je la mettrai en terre ce printemps à ma campagne, là où j’avais posé ce jeune Dur-bec des pins qui, en novembre 2012, s’était tué dans une des fenêtres de la maison.
La vie est un long dépouillement. Une longue suite de ruptures d’attachement, d’arrachement.
* * *
Mardi après-midi, le 4 février, je viens de la ravoir, ô bonheur. Importance des rites funéraires, ça me rend le cœur heureux.
Et jeudi après-midi, le 13 février, délicatesse de l’équipe de la clinique vétérinaire de Bouboule, je reçois cette carte.
Votre Bouboule, mon Tit-Boule (lapin), des êtres vivants sur lesquels on peut compter en tout temps. J’aimerais bien que mon adorable petite boule d’amour puisse vivre aussi longtemps que la vôtre, mais je commence à me faire à l’idée qu’il ne partagera plus ma vie d’ici quelques années, les lapins ayant une espérance de vie entre 8 à 10 ans. On ne connait pas son âge exact puisque nous l’avons trouvé mais il vit ici depuis 7 ans passés, alors on peut penser qu’il a entre 8 et 10 ans…Mes condoléances.
Merci beaucoup, Louise. Absolument, sur lesquels on peut compter. Et je rajouterais qu’ils n’ont pas la méchanceté de certains humains. Prenez-en bien soin.
Une amie de vie, une présence et que dire … Un vide immense…
J’ai eu une chatte a peu de chose identique, elle est arrivée chez moi un soir de grand froid et de vent et n’y est jamais repartie. Presque chaton elle avait a peine l’âge de quitter la portée et m’a accompagné 24 ans …… J’y repense souvent, elle a géré la maisonnée a sa façon pas la mienne….. Dirigé les lever et coucher …… Vérifié par la fenêtre la bonne gestion du voisinage sans jamais vouloir oser remettre une moustache à l’extérieur plus loin que la galerie. Alors que mes condoléances vous accompagne.
Marie
Merci, chère Marie, merci. Voilà quelque chose comme trois ans que je me parlais, que je me disais que c’était pour donner un grand coup. Et bien le grand coup, c’était aujourd’hui.
Tu me rappelles la tristesse que j’avais eue le jour où j’ai dû me résigner à faire euthanasier Toutoune, une des deux chattes que nous avions ma fille et moi. Je m’étais attachée à cet animal, avec les années. Je peux imaginer ton état d’esprit.
Merci, chère Michelle. La personne qui n’a jamais connu une relation proche avec un animal domestique ne peut comprendre; j’ai pu le vérifier à maintes reprises. Combien de fois des gens m’ont rendu visite et étaient d’une absolue froideur à l’égard de cet animal, qui savait pourtant se laisser approcher par ceux justement qui savaient comment approcher ces bêtes.
Ma Delphine a vécu 20 ans à un coin de rue de chez toi. Je lui avais donné ce prénom en écoutant La dame de Bordeaux de Serge Reggiani. Le hasard a fait en sorte qu’elle fut euthanasiée le jour de la mort de Serge Reggiani, le 23 juillet 2004. Elle me manque encore !
Chère Ode, vous êtes en train de me dire alors que ce n’est pas demain matin que je vais arriver à oublier ma belle chatte ! La maison va être grande longtemps.
Il ne faut pas oublier notre ami le temps qui nous aide à traverser ce deuil. Mais si, contrairement à moi, tu n’as pas développé d’allergie, un autre chat pourra se tailler une place auprès de ton coeur.
Je sais qu’il ne faut pas dire «Fontaine, je ne ….». Mais je ne crois pas que j’en aurai un autre. À mon âge, je commence à en avoir ras-le-bol des attachements qui t’obligent à un moment donné que, tu le veuilles ou non, à vivre, encore une fois, une séparation déchirante. Ça use et ça use à la fin, ça n’a plus de sens. Tu en viens à avoir le cœur tout balafré, tout recousu, diable. Et je ne parle pas qu’avec les bêtes, je parle aussi en amour. La solitude n’est pas toujours facile, mais, quand tu penses qu’une nouvelle relation éventuelle va encore une fois t’abîmer un jour, que tu devras mettre des années à t’en remettre, ça magane. Et je suis maintenant beaucoup plus méfiant de l’espèce humaine que de l’autre espèce animale.
Vous n’êtes pas à bout d’âge, cher Jean ! Mais, je vous donne, quand même, un peu raison. Pour moi, ce n’est pas tant l’attachement qui m’embête, mais l’obligation de devoir s’occuper de quelqu’un au quotidien. J’aime bien ma liberté ! Et il y a les amis, les proches qui chercheront une pension pour quelques jours, le temps d’un week-end, d’une vacance ! Je suis assurée que vous leur ouvrirez votre porte.
Je suis fort prudent, Ode. Fort.
On pense parfois que l’on ne peut survivre à tant de pertes. Mais, le pire, c’est que l’on peut.
Mais à quel prix? Vous avez raison, le coeur est plein de coutures, tout rapiécé.
Souvent, je m’ennuie de mes chats qui sont morts depuis des années. Je les vois dans la maison, sur une chaise, dans l’escalier… Bouboule habitera encore longtemps votre maison, votre pied de lit, comme un fantôme ami.
Mes pensées sont pour vous, ce soir,
Christiane
Merci infiniment, chère Christiane.
Le refus de s’attacher c’est le déni de l’amour, source de la vie. Écouter les cris alentour, tous ces êtres vivants qui souffrent seuls et sans amis. Faut-ils les ignorer, étouffer en nous le désir d’aimer par crainte d’être blessé, laissé et abandonné ou s’offrir comme refuge, se donner et partager?
L’amour c’est la découverte de l’autre, la complicité et le partage. Pourquoi se priver d’un tel plaisir, d’une telle joie, par crainte de la perte ?
Rien ni personne ne peut remplacer ceux qui nous ont quitté. Faut-il pour autant refuser d’entendre et fermer son cœur sous prétexte que le prochain n’est pas le précédent?
Mais non, il faut aimer encore et encore, quoiqu’il en coûte, puisqu’à chaque fois c’est un être qui souffre que l’on sauve de la tourmente, un nouveau joyau que la vie nous fait découvrir.
L’amour c’est la communion de l’âme avec la nature, SVP, ne laissez la source se tarir ni votre cœur se flétrir.
Bravo pour votre texte, chère Ghys. Mais que voulez-vous, à 71 années de vécues la semaine prochaine, j’ai maintenant beaucoup vécu et je n’ai plus l’âge d’entendre ce discours. Voilà vraiment un moment que le mien est arrêté. Merci d’avoir pris la peine, par empathie, de le formuler.
J’hésitais à écrire « mes sympathies », me disant, c’est juste un chat… Mais elle était votre AMIE. Une partie de votre quotidien. Avec toutes les petites habitudes, agréables ou agaçantes. Et je sais de quoi je cause… Les chats ont peuplé ma vie pendant près de 40 ans. La dernière, euthanasiée le printemps dernier, avait presque 15 ans. Et y en n’aura pas d’autres. Gendre allergique et tutti quanti…
Alors vous avez ce soir toutes mes sympathies. Et ma compassion. Bon courage. Et vous avez le droit de pleurer. Même pour un chat. Bonne route vers la sérénité retrouvée.
Vous nommez fort bien ce genre de vécu qu’il nous faut alors traverser, chère Esther. Merci, merci à Vous.
« Tant que vous n’avez pas aimé un animal, une partie de votre âme sera toujours sans éclat, endormie. »
Anatole France
Nos âmes brillent donc…
Merci, chère Louise. Se remplir le cœur d’un animal.
Toutes mes pensées les plus chaleureuses sont avec toi cher Jean. Je comprends tellement la sensation de vide que la perte laisse, c’est un trou béant. Pleure ta peine, et trouve du réconfort dans les mots. Tendresses.
Merci, merci beaucoup, chère Christiane. Je sais que tu as vécu pareils moments. La maison est bien grande soudainement. Et le silence est prenant, car elle m’avait à l’œil et parlait beaucoup. On se saluait en se croisant dans la maison. Je suis heureux de te savoir là.
Mes tres sincère sympathies M.Provencher,ce sont des êtres entier qui nous aiment sans condition.J’ai du me séparer de ma chienne rose qui trone maintenant sur le manteau de ma cheminé,dans une petite urne qui ne paie pas de mine.Il m’arrive de m’ennuyer de ses grands yeux brun!
Merci infiniment, cher Monsieur Gaudreault. Vous avez tellement raison : des êtres entiers qui nous aiment sans condition. Et on se retrouve appauvris de leur départ.
J’ai connu aussi cette peine, il y a maintenant 2 ans et je m’étais dit que je ne voulais pas revivre cette peine ce vide qui nous envahit. Puis une annonce « urgent chat à donner petit bonhomme de 3 ans avec allergie sévère » et oui je me suis laissée prendre par cette annonce et l’ai adopté. Il n’est pas ma « Cocotte » mais il a aussi ses habitudes et ses petites manies qui savent me charmer. Bonne chance dans les semaines à venir car on sent leur présence longtemps…
Merci beaucoup, chère Marielle. Je m’étais parlé depuis longtemps, mais quand l’événement survient, le voilà. Et sans doute faut-il le prendre bouchée après bouchée, il y a une deuil à faire. Et moi qui ai toujours vécu seul depuis toutes ces années (presqu’un quart de siècle au fond avec elle, et d’une vie d’adulte), je m’y étais beaucoup attaché. Et ma fille, qui a déjà vécu l’événement, me prévient qu’effectivement, on sent leur présence longtemps. Merci encore, chère Marielle.
Un amour inconditionnel.
Un amour à l’état pur.
Ces petites bêtes nous ramènent à l’essentiel. Ils nous aiment et nous acceptent tels que nous sommes: avec nos défauts, nos sautes d’humeur, nos cheveux gris, nos tâches de rousseur ou nos kilos en trop. Peu importe. Ils sont toujours là. Présence rassurante.
Bouboule n’a pas eu de meilleur ami que Vous durant ces 24 années.
Mes pensées sont avec Vous. Vous n’êtes pas seul à partager votre peine. Nous sommes là …avec Vous. Mille tendresse.
Merci tant, Belle Acadienne. La maison est grande, vos mots sont bien apaisants.
Bonjour M.Provencher,
je sympatise beaucoup avec vous, nous sommes tous les deux dans la même situation depuis la fin de semaine. Samedi nous sommes aller chez le vet pour notre chienne de 13 ans qui avait des problèmes de digestion.
Malheur !!!! le vet nous apprend qu’elle a un cancer qui est en phase terminale et qu’il ne lui reste que quelques jours à vivre. Nous avons dû prendre la pénible décision de la faire euthanasier. C’est pas facile… une 2e en deux ans, j’ai perdu mes 2 filles (labrador et coli).
Ces belles bêtes nous apportent tellement dans le vie et quand elles partent laissent un vide immense et beaucoup de chagrin.
je vous souhaite beaucoup de courage et de sympathie, on gardera toujours une place dans notre coeur pour nos chers amis disparus.
Merci, merci beaucoup, chère Johanne. Ça nous demande soudain un immense détachement assez incroyable. On arrive mal, d’ailleurs, à expliquer l’ampleur du choc. Je sympathise beaucoup avec vous. Je pense que seul le temps finalement peut apporter avec lui un apaisement. Que les jours qui viennent vous soient le plus doux possible.
Jean, je le sais d’expérience, les emmener chez le vétérinaire pour le dernier voyage est un véritable calvaire. (Tu m’as même accompagnée pour le départ de Capucine et je ne l’oublie pas.) Une seule pensée nous soulage un peu : ils n’auront plus mal.
Je t’écris la larme à l’oeil, Jean. Bouboule était ta petite compagne depuis si longtemps qu’il doit y avoir un vide immense dans ta maison en ce moment. Tu vas continuer de penser à elle pendant des années, je pense toujours autant à Gaston, à Kali, à Capucine et à Samie. Heureusement que la peine se mue en mélancolie à la longue sans quoi on finirait par mourir de chagrin.
Je te serre dans mes bras.
Merci beaucoup, grande sœur.
Cher Jean,
Je t’offre mes sincères sympathies.
Faudra laisser le temps au temps… Y’a que lui qui, petit à petit, saura estomper ta tristesse…
Je comprends très bien ton choix de ne plus vouloir partager ta vie avec d’autres chats, ayant fait le même il y a longtemps.
Toi qui est aux aguets et à qui rien n’échappe, garde les rideaux ouverts… D’autres formes de vie viendront combler ce grand vide, quelles qu’elles soient…
Avec une grosse accolade, mon cher…
Merci infiniment, bien cher ami.
Mon cher Jean!
Les mots sont faibles, trop faibles, je le sais bien!
Je n’en ai point qui puisse vous consoler, je le sais aussi.
Puis-je m’assoir dans un coin et partager votre chagrin en silence, je ne vous dérangerai pas…
Que l’infinie tendresse, l’amour et la présence de cette chère Bouboule remplissent vos pièces et ne cessent de répondre à vos petits mots échappés comme quand elle était encore là… !
Que votre peine soit soulagée par sa chaleur -venant je ne sais d’où- à vos pieds, sur vos genoux, sous vos mains tremblantes…
Vous savez bien qu’elle sera toujours là.
Comme les amours impossibles qui ne nous quittent jamais.
Je vous serre dans mes bras!
Melinda
Merci tant, chère Melinda. Vos mots sont de chaleur, ils confortent. Je sais que vous avez vécu pareille histoire déchirante avec votre beau Balou. Oui, c’est bien cela : «Comme les amours impossibles qui ne nous quittent jamais.» Merci. Merci.