Une machine à chemins à Berthier !
Au début des années 1890, le réseau routier du nord-est de l’Amérique est dans un état pitoyable et les populations commencent à faire pression sur les gouvernements pour l’amélioration des chemins. Au Québec, en 1895, les producteurs de lait, incapables de livrer leur lait à la fabrique faute de chemins carrossables convenables, fondent la Société des bons chemins, présidée par J.-A. Camirand, pour réclamer du gouvernement une véritable politique routière.
La voirie relève alors du ministère de l’Agriculture qui, rapidement, entend le message des cultivateurs. Dès 1897, le gouvernement du Québec annonce qu’il aidera les municipalités, par des subventions, à s’équiper de nouvelles machines fabriquées aux États-Unis pour la confection et l’entretien des chemins, dont des concasseurs et des niveleuses. Et il nomme Camirand inspecteur de la voirie.
Celui-ci entreprend de visiter les villes et les villages pour les sensibiliser à ce programme gouvernemental. Au besoin, il fait appel à l’ingénieur civil ontarien Archibald William Campbell, un pionnier en ce domaine. Grâce à de bons chemins, dit Campbell, les charges de voiture seront augmentées, les voyages raccourcis, la détérioration des chevaux et des véhicules diminuée, la dépense de production amoindrie, la valeur du produit augmentée, le pays embelli, le voyage rendu plus agréable, l’isolement des fermiers supprimé, les associations raffermies, la propriété augmentée de valeur, l’agriculture rendue plus profitable et la vie à la campagne devenue plus attrayante.
La démarche de Camirand porte fruit rapidement, car, le 6 janvier 1898, il annonce que, déjà, quelque soixante-trois machines à chemins ont été vendues, par toute la province, aux municipalités ou à des individus. Le mouvement est lancé.
C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la nouvelle du correspondant de La Patrie à Berthierville, le 16 mai 1898 : La ville et la paroisse ont définitivement décidé d’acheter une machine à chemins.
La belle image coiffant cet article provient bien sûr de La Bonne Chanson, dix albums qu’on appelait Cahiers, parus de 1938 à 1951, du musicologue Charles-Émile Gadbois (1906-1981). Elle apparaît dans la série de manuels Chantons la bonne chanson à l’école, 1957, volume 4, faisant partie du programme officiel du cours primaire, manuels approuvés par le Comité catholique du Conseil de l’Instruction publique. La chanson, d’origine française, s’appelait Sur la route de Louviers. La voici ici, adaptée à Berthier, par l’abbé Gadbois.