Le Bruant familier
Claude Melançon, dans Charmants Voisins (1940), dit qu’on l’appelle Titit ou Moineau. Les scientifiques parlent plutôt de Bruant familier (Spizella passerina, Chipping Sparrow).
Melançon rappelle qu’il est «le prototype du voisin discret, travailleur et serviable».
Comme beaucoup d’humains qui passent pour insignifiants aux yeux du vulgaire, il cache sous une mise humble et des manières douces de belles et solides vertus. Il est bon mari, bon père, bon compagnon et bon serviteur.
Son grand charme vient de la confiance qu’il nous témoigne. Ses surnoms de familier et sociable ne sont pas de vains compliments. Il est un des rares êtres libres qui aient recherché notre compagnie et ne nous aient pas crus si épouvantables. Il a pris la peine d’enquêter sur ces monstres à deux pattes qui ont chez les bêtes la réputation d’avoir dérobé la foudre et de s’en servir contre elles. Le résultat est flatteur puisque le Titit a quitté les bois où il habitait autrefois pour venir s’établir à nos côtés et presque dans nos maisons. Décision d’autant plus heureuse que lui-même en a profité et que son espèce se multiplie depuis sous notre inconsciente tutelle.
Car, il faut l’avouer, c’est notre dédain à son endroit qui fait le bonheur de Titit. Si nous l’endurons c’est qu’il est trop petit pour être mangé et trop bien élevé pour nous ennuyer. Mais il ne nous en garde pas rancune, au contraire. Conscient de notre indifférence il approche sans cesse de l’épouvantail qui éloigne ses ennemis naturels, picore les miettes de notre table et bâtit son nid jusque dans les vignes qui escaladent les piliers de nos vérandas.
Salut, Titit. Merci, cher Melançon.