Je vous disais que je prépare un nouveau livre. Il y a encore beaucoup de travail à faire. Voici ici Simone Weil, née le 3 février 1909 et décédée le 24 août 1943. Sa vie fut bien courte, mais sa réflexion fort riche.
Voici un extrait de son Cahier III publié chez Plon en 1974. Pages 197 et suivante sur l’énergie solaire.
L’énergie solaire transforme l’eau et le carbone en sève. La sève dans le bois mort, la houille, etc., devient feu; le soleil qui s’y trouvait emprisonné (génie dans une bouteille des Mille et une Nuits) en ressort. […]
La même énergie solaire travaille dans le grain, dans la tige du blé et dans le laboureur.
Le feu solaire unit le carbone et l’hydrogène en amidon dans le grain de blé. Je mange cet amidon, je le sépare en carbone et hydrogène, et le feu libéré fait mouvoir la machine de mon corps qui prépare la terre pour l’accueil du grain de blé. C’est le blé qui laboure la terre.
« Si le grain ne meurt… » C’est dans le laboureur qu’il meurt vraiment.
L’énergie que l’homme prend à la terre, il doit la lui rendre; l’énergie qu’il lui rend, il doit la lui reprendre; oscillation perpétuelle. L’énergie rebondit entre la terre et l’homme.
Il n’est pas possible d’accepter une telle monotonie sans renonciation au moi. Mais alors elle est belle.