Chemin faisant. Chère amie, Cher ami, je prépare un nouveau livre. Voilà des années de ce projet.

Ici, il s’agit de J. M. G. Le Clézio, un essai paru chez Gallimard en 1978. J’aime beaucoup les essais de Le Clézio. Le voici ici, page 96.
C’est bien, le passage des heures, le passage des jours. C’est drôle et émouvant, cela trouble, enivre, fait frissonner. Parler du temps, compter le temps, à quoi bon ? Mais suivre le passage de la lumière, du gris au blanc, du blanc au jaune, du jaune au gris, comme cela, chaque jour, avec tant d’infinies nuances qu’il faudrait que chaque seconde ait mille secondes, et que chacune de ces mille secondes ne règne que sur une aire de quelques centimètres carrés.
C’est ce qui se passe ici, ce qui se passe. C’est ce qui vient, puis s’en va, glissant le long de son éllipse.
Le vent du matin.
L’aurore sur la mer. Le soleil qui brûle à treize heures.
Le sommeil de l’après-midi.
La brume vers le soir, l’orage à l’horizon.
La nuit noire, le froid.
Les trois étoiles de la ceinture d’Orion.
Les oiseaux passent dans le ciel. Les lézards savent l’heure.
Les bruits, les odeurs vont et viennent au-dessus des jardins clos.
La fatigue passe, comme une main qui vous couche.
C’est ce qui se passe ici, ce qui passe.