Une longue histoire se termine
En 1898, le pont de glace entre Québec et Lévis se brise le 10 avril, précisément le matin de Pâques. Bien sûr, la population ignore que c’est le tout dernier pont de glace dans l’histoire des deux villes. Il tentera bien de se former en 1909 et 1924, mais ne durera que quelques heures. Finie la traversée à pied sec, l’hiver, entre les deux villes.
Déjà, nous évoquions cette nouvelle, le 20 avril dernier, à partir du Quotidien de Lévis. Voici aujourd’hui ce qu’en dit La Patrie du 11 avril 1898. La nouvelle, d’ailleurs, est à la une du journal montréalais.
Vers huit heures moins quart hier matin, le pont de glace a commencé à se briser vis-à-vis de la Pointe-Lévis et la glace se mit à marcher avec le courant. Vers neuf heures, le pont devant Québec partait sous la force du courant depuis le quai de la commission du havre, laissant l’eau à clair en face du port.
Cependant la clef était restée ferme, et, sur la rive sud, il y avait encore une grande lisière de glace d’à peu près 3 arpents de large [quelque 180 mètres] depuis la clef à la Pointe-Lévis. Au baissant, vers 11,30, la glace a été arrêtée devant Québec par le clef. À 12,40, cette dernière a cédé et nous avons eu tout l’après-midi un fleuve presque libre de glaces. Ainsi, la navigation entre Québec et les ports environnants s’ouvrira donc cette semaine.
On rapporte qu’un certain nombre de personnes se trouvaient sur le pont au moment où la glace s’est mise en mouvement. Des canotiers sont allés à leur secours.
Le convoi à grande vitesse de l’Intercolonial est entré en gare vers 11 heures hier matin, à Lévis, avec un certain nombre de Québecquois arrivés d’Europe la veille à Halifax par le Labrador. C’étaient, entre autres, M. Ulric Tessier, M. et Mme W. M. Macpherson, W. J. Maguire. Ils ont été forcés de se faire traverser à Québec en canots.
Ils ont eu maille à partir avec les glaces et sont allés atterrir sur la batture à l’embouchure de la rivière St-Charles. Je crois que le commissaire de la Colonisation et des Mines, l’hon. M. Turgeon, a été l’un des derniers à traverser le pont de glace de pied ferme. Il a traversé de Lévis à Québec à pied vers 8 ½ heures. Une vingtaine de minutes avant le départ du pont.
Les bateaux traversiers ont commencé à circuler ce matin. Il y a très peu de glace sur le fleuve.
Deux jours plus tard, le correspondant de La Patrie à Québec écrit : «Une goélette nous est arrivée de St-Siméon, comté de Charlevoix; elle est ancrée au marché Finlay. C’est le premier arrivage de la saison. La première goélette de pilotes doit partir pour le bas du fleuve avec huit pilotes, lundi prochain. Le Druid part demain avec les bouées pour le bas du fleuve. Les trois phares flottants sur le lac St-Pierre sont déjà en position. Tous les autres phares flottants sont prêts à sortir de leurs quartiers d’hiver et à partir sans délai pour leurs diverses stations.»
La photographie de Louis-Prudent Vallée du pont de glace entre Québec et Lévis vers 1880 provient de Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Collection Centre d’archives de Québec, Documents iconographiques, cote P1000, S4, D60, P24.
Voici une photographie de trois bateaux-phares, à la remorque derrière le navire du gouvernement, le Druid, en lien avec le message qui suit de Monsieur Jean Cloutier, photographie que Monsieur Cloutier nous envoie.
Bonjour M. Provencher,
C’est toujours un plaisir pour moi de lire vos petites trouvailles historique ! À la fin de cet article, vous nous annoncez : » Tous les autres phares flottants sont prêts à sortir de leurs quartiers d’hiver et à partir sans délai pour leurs diverses station. »
En 1898, l’agence de Québec avait 5 bateaux-phares en aval de Québec. Ceux-ci étaient : La Traverse d’en Haut (St-Roch), Traverse d’en Bas (St-Roch), l’Île Blanche, l’Île Rouge et Sandy Beach à Gaspé. C’était un peu comme aujourd’hui, alors que la première chose que la Garde Côtière fait, c’est d’installer les bouées prioritaires en début de saison. Ces premières aides à la navigation étaient nécessaires pour les premiers vaisseaux à remonter vers Québec.
Cordiale Salutation
Jean Cloutier
Pilote du Saint-Laurent
Merci infiniment, cher Monsieur Cloutier, de ces informations. Vous nous faites cheminer, vous savez, avec ces renseignements et cette image.
M. Provencher,
Je ne savais même pas qu’il y avait eu un pont de glace sur le fleuve à la hauteur de Québec. J’aime découvrir tous ces petites histoires qui raconte la vie des gens qui on fait des choses importantes, mais qui ne sont pas nécessairement dans les grands livres d’histoires.
C’est formidable tout ce que je j’apprend et découvre sur votre site.
Merci et continuer…
Merci tant, chère Vous. Ces petites choses n’apparaissent pas dans les grands livres d’histoire, comme vous dites, mais tout un pays s’y cache. Et toutes les manières qu’une population a imaginées pour y vivre. Et c’est chez-nous.