La coulée des Érables à sucre
D’une année à l’autre, on ne peut prévoir le moment où, au printemps, les érables (Acer saccharum, Sugar Maple) commencent à couler. Chose certaine, manifestement, on a ces arbres à l’œil, car les attentes sont grandes. Il en va de la provision de sucre du pays. Les dates qui apparaissent dans cet article-ci sont à mettre en lien avec celles notées le 19 avril 2012. Il faut savoir que je cherche des rythmes, des cycles dans le comportement des manifestations de la Nature.
Voici la mention la plus hâtive que j’ai trouvée à ce jour. Elle est de Saint-Dominique de Bagot, au sud de Saint-Hyacinthe, en Montérégie. « Sucre nouveau. M. le notaire H. R. Blanchard nous a présenté un échantillon de magnifique sucre d’érable qui a été fait samedi dernier [le 15 février] à St-Dominique, par M. Henri, fils du sucrier émérite, feu M. Zéphir Blanchard, qui pendant plusieurs années a toujours fait le premier et le plus beau sucre de la saison. Nos remerciements. » La Tribune (Saint-Hyacinthe), 21 février 1890.
À Varennes. « M. Grégoire Jubinville, épicier, coin des rues Dorchester et St-Denis, a apporté à nos bureaux aujourd’hui un pain de sucre d’érable nouveau. Ce sucre a été fabriqué par M. Joseph Langlois, de Varennes, qui en a fait une grande quantité depuis le 17 février, où il a commencé à entailler ses érables. On n’a jamais vu encore, que l’on sache, faire du sucre d’érable en février. Cet événement est une nouvelle preuve que nos hivers se font de moins en moins rigoureux. La saison des sucres commence généralement vers le milieu de mars, mais plus souvent plus tard que plus tôt. » La Patrie (Mont6réal), 24 février 1899.
À Saint-Hyacinthe « M. Louis Blanchard, de St Hyacinthe Le Confesseur, nous a envoyé mardi [le 23 février] un échantillon de sucre nouveau. On le sait, M. Blanchard tient au privilège d’apporter chaque année le premier sucre d’érable et surtout de le fabriquer.» La Tribune (Saint-Hyacinthe), 26 février 1892.
À Stanstead. « Un couple de cultivateurs du canton de Stanstead ont pu faire du sucre nouveau durant le dégel de la semaine dernière. » La Patrie (Montréal), 28 février 1898
À Sherbrooke. « Il s’est fait du sucre d’érable à quelques endroits dans les Cantons de l’Est. » La Patrie (Montréal), 28 février 1899.
À Joliette. « La semaine dernière, vu l’élévation subite de température dont nous avons été gratifiés, quelques-uns de nos fabricants de sucre, pour faire une simple expérience, ont entaillé quelques érables qui suivant leur attente se sont aussitôt mises à couler comme à la saison même où l’on est appelé à recueillir l’eau précieuse qu’elles versent chaque printemps. Ce fait n’est-il pas digne de mention ? » L’Étoile du Nord (Joliette), 3 mars 1892.
À Roxton Falls. « Les sucres sont commencés dans différents endroits de nos Townships. » Journal de Waterloo, 8 mars 1894.
À Québec. « Il est assez rare que l’on entaille les érables au commencement de mars. On aurait pu voir sur le Marché de la Haute Ville, samedi, du véritable sucre nouveau que M. Joseph Tomassin, l’un des fermiers du Séminaire de Québec à St-Joachim, avait apporté. Il en avait une vingtaine de livres. » La Patrie (Montréal), 8 mars 1898.
À Saint-Hyacinthe. « Le sucre nouveau a fait son apparition, samedi [le 9 mars], au marché. On demandait 20 cts, la livre, et 20 à 25 cts, la chopine pour le sirop. » Le Tribune (Saint-Hyacinthe), 15 mars 1889.
À Joliette. « L’entaillage sérieux des érables est sur le point de commencer. Quelques propriétaires de sucreries font leurs préparatifs dans ce but. Les vieux disent d’après leur expérience que l’on doit faire beaucoup de sucre ce printemps. » L’Étoile du Nord (Joliette), 10 mars 1892.
À Trois-Rivières. « La température que nous avons depuis quelque temps nous ferait croire que nous sommes en avril. De la campagne, on nous apprend que les sucreries sont toutes entaillées et que l’eau d’érable est en grande abondance. Mardi [le 8] et hier [le 10], on offrait du sucre et du sirop nouveaux sur notre marché. On s’attend à une grande provision de sucre et de sirop demain [samedi]. » La Patrie (Montréal), 11 mars 1898.
À Joliette. « Pour la première fois hier [vendredi], la délicieuse eau d’érable a fait son apparition dans notre ville. Plusieurs personnes se proposent d’entailler leurs érables ces jours-ci. On espère que la moisson de sucre sera abondante. » La Patrie (Montréal), 12 mars 1898.
Sainte-Julie de Somerset (aujourd’hui Laurierville). « Les beaux jours printaniers que nous avons eus au commencement de la semaine ont engagé un certain nombre de cultivateurs à entailler leurs érables. Est-ce bien le commencement du printemps ? L’avenir le dira. » L’Écho des Bois-Francs (Arthabaskaville), le samedi 12 mars 1898.
À Arthabaskaville. « Le sirop du pays a déjà fait son apparition. Hier, nous avons eu le plaisir d’en déguster. M. Ephrem Lemieux en a la primeur encore cette année. » L’Écho des Bois-Francs (Arthabaskaville), 12 mars 1898.
À Saint-Hyacinthe. « Selon toute probabilité, nous aurons du sucre d’érable nouveau, samedi. Les cultivateurs profitant du beau temps ont déjà commencé à entailler leurs érables et la sève a coulé assez abondamment. » Le Tribune (Saint-Hyacinthe), 13 mars 1891.
À Joliette. « Nous avons depuis quelques jours une température des plus belles. Pour peu que cela continue, nos érabliers entailleront bientôt. » L’Étoile du Nord (Joliette), 13 mars 1890.
À Trois-Rivières. « Les propriétaires d’érablières, dans le voisinage de la ville, se proposent d’entailler les érables, à la première gelée que nous aurons. Ils comptent commencer la récolte du sucre de suite. » Le Trifluvien (Trois-Rivières), 14 mars 1891.
À Sainte-Marie de Beauce. « On a commencé à faire du sucre d’érable la semaine dernière à Ste-Marie de la Beauce. » Le Quotidien (Lévis), 16 mars 1895.
À Québec. « Nos différents marchés n’étaient pas achalandés ce matin; il faut dire aussi que nous sommes en plein carême. Le poisson dominait sur la viande. Voici les prix courants du marché au poisson : saumon frais, 12 cts; morue fumée, 8 cts; morue fraîche, 5 cts; addeck frais, 6 cts; poisson blanc, 8 cts; doré; 8 cts; brochet, 7 cts; éperlan, 8 cts; esturgeon, 8 cts; anguille, 7 cts; morue salée, 4 cts; hareng, 25 cts la douzaine. […] Le sirop d’érable et le sucre ont fait leur apparition sur nos marchés ce matin. On le vendait à $1.20 le gallon; le sucre, assez rare, valait 18 cts la livre. » Le Soleil (Québec), 17 mars 1902.
En Beauce. « Les sucriers de la Beauce ont presque tous commencé à entailler la semaine dernière. Le sucre du pays est une source considérable de revenus pour grand nombre de cultivateurs. Nous leur souhaitons une saison favorable. » Le Quotidien (Lévis), 19 mars 1895.
À Sainte-Julie de Somerset (aujourd’hui Laurierville). « Le sucre nouveau a fait son apparition dimanche dernier [le 13 mars]. Grâce à la bienveillance d’un ami, il nous a été donné d’y goûter, nous l’avons trouvé bien bon. » L’Écho des Bois-Francs (Arthabaskaville), 19 mars 1898.
À L’Avenir. « Le dégel de la semaine dernière a rendu nos chemins impraticables; mais les fabricants de sucre étaient dans la jubilation vu que la neige est baissée de moitié. Il s’est fait une assez grande quantité de sucre ici la semaine dernière. » L’Écho des Bois-Francs (Arthabaskaville), 19 mars 1898.
À Sorel. « Les sucres sont commencés en grand et les érables coulent en abondance. C’est le temps de la trempette et de la tire, mets qui font les délices des gourmets. » La Patrie (Montréal), 22 mars 1898.
À Québec. « On est allé au sucre hier [dimanche], sur la rive nord comme sur la rive sud. Les populaires sucreries de St-Henri de Lévis ont vu hier grand nombre d’amateurs de tir, trempette, sucre, venus de Lévis et de Québec. En effet, nous avons remarqué à Lévis grand nombre de citoyens de Québec, quatre à quatre dans les carrioles s’en aller joyeusement à St-Henri déguster le véritable sucre d’érable et manger une bonne omelette aux œufs frais. Vive le sucre d’érable. La récolte promettait beaucoup, mais on craint qu’elle ne soit diminuée vu les dernières pluies. » Le Soleil (Québec), 23 mars 1903.
À Trois-Rivières. « Le sucre et le sirop d’érable commencent à arriver sur notre marché. Les partis de sucre sont commencés. Tous les jours, des troupes de jeunes gens vont visiter les sucreries des environs de la ville. » Le Trifluvien (Trois-Rivières), 26 mars 1890.
À Joliette. « Sucre. Depuis quelques jours, nos cultivateurs ont entaillé leurs érables et l’eau qu’ils en retirent est bonne et abondante. Nos forêts ont pris un air de gaité remarquable et les sucriers sont pleins d’espérance pour l’avenir. » L’Étoile du Nord (Joliette), 26 mars 1891.
À Sainte-Julie (aujourd’hui Laurierville). « Le sucre d’érable a déjà fait son apparition, à la grande joie des gourmets. » L’Écho des Bois-Francs (Arthabaskaville), 27 mars 1897.
À Trois-Rivières. « Jeudi [le 26 mars], il y avait du sirop et du sucre d’érable sur le marché. La quantité était loin de suffire à la demande. Aujourd’hui, c’est un des principaux produits en vente sur le marché. » Le Trifluvien (Trois-Rivières), 28 mars 1891.
À Saint-Joachim. « Il paraît que l’on a fait du sucre nouveau à St-Joachim, près de Québec, la semaine dernière. » L’Écho des Bois-Francs (Arthabaskaville), 28 mars 1896.
À Saint-Hilaire. « La plupart des sucreries sont en pleine opération. La saison s’amorce bonne pour la fabrication du sucre. » La Tribune (Saint-Hyacinthe), 29 mars 1889.
À Sorel. « Il y avait du sirop et du sucre d’érable nouveaux, sur le marché, ce matin. » Le Courrier de Sorel, 29 mars 1901, p. 3.
À L’Avenir. « Les sucres sont commencés, on ne peut encore augurer combien abondante sera la récolte. » L’Écho des Bois-francs (Arthabaskaville), 30 mars 1895.
À Arthabaskaville. « Nous avons déjà goûté du sucre nouveau. » L’Écho des Bois-Francs (Arthabaskaville), 30 mars 1895.
À Joliette. « Lundi [le 28 mars], les propriétaires d’érablières y ont commencé à poser leurs coulisses et chaudières, la saison de la fabrication du sucre étant pour tout de bon arrivée. » L’Étoile du Nord (Joliette), 31 mars 1892.
À Waterloo. « Nous jouissons d’une température vraiment printanière depuis samedi. Tout est beau… excepté les chemins. C’est le temps des sucres; pas partout cependant, car il gèle très fort la nuit, et le jour le vent est nord et froid. » Journal de Waterloo, 31 mars 1892
À la Basse-Ville de Québec, on est heureux que le sirop et le sucre d’érable soient disponibles. « Il y avait, ce matin, ce que les gens sont habitués d’appeler un « gros marché »; les vendeurs étaient nombreux et les acheteurs ne faisaient pas défaut. On a salué avec enthousiasme les rares cultivateurs qui sont venus en ville, apportant avec eux le succulent produit de l’arbre qui a fourni notre emblème national, et les gourmets se pressaient autour des « bidons » d’où l’heureux détenteur du mets délicat tirait, contre espèces sonnantes, de quoi délecter le palais des citadins. Les prix du sirop étaient de $1.00 et $1.10 le gallon, tandis que le sucre se vendait 12 centins la livre. « Qu’importe le prix, l’essentiel, c’est qu’il y en ait ». » Le Soleil (Québec), 4 avril 1908.
Samedi dernier, le 9 mars, je visitais cette cabane à sucre de la région des Bois-Francs. Éric, le sucrier, me disait que la coulée avait commencé le mercredi 27 février et qu’habituellement, si les conditions de la température s’y prêtent, elle dure un mois. J’ai aimé cette cabane. À droite, on trouve la partie cuisine qui peut accueillir 7 ou 8 personnes à manger. Au centre, voilà la partie où on fait bouillir l’eau d’érable. Et à gauche, la provision de bois pour chauffer le poêle sous l’évaporateur.
J’ai les doigts tout brulés; ceux qui sont les plus utiles au maniment des oeuvres auxilliaires de nos contrées.
Olala ! Surtout pas de corps gras sur cela, chère Mildred.