L’importance du lit

Brève réflexion sur l’importance du lit par le docteur T. W. Dans Le Monde illustré du 14 janvier 1899.

Ah ! qu’un bon lit est une bonne chose et comme on a raison d’y tenir ! Et combien malheureux sont ceux qui, par plaisir ou par nécessité, voyagent et changent de lit comme d’auberges.

Écoutez plutôt ce que dit Guy de Maupassant : « Je tiens à mon lit plus qu’à tout. On lui livre sa chair fatiguée pour qu’il la ranime et la repose dans la blancheur des draps et dans la chaleur des duvets… Je ne puis soulever le drap d’un lit d’hôtel sans un frisson de dégoût ! quels malpropres, répugnants, ont dormi sur ces matelas ? »

Soignons donc nos lits, nous qui ne voyageons pas. Nous y passons la moitié de notre vie : c’est le meuble le plus utile, et mieux vaut une belle chambre à coucher qu’un beau salon.

Regardez d’ailleurs comme nous sommes tous bêtes, oui, bêtes, et vous comme moi. Quand nous choisissons un appartement, nous prenons la plus belle pièce pour en faire un salon, un bureau, une salle à manger. Combien plus raisonnables serions-nous d’en faire notre chambre à coucher. Tenons donc nos lits dans un état de respectueuse propreté. Du linge propre, des draps blancs et frais souvent renouvelés, telle est la base essentielle de l’hygiène domestique. Des vêtements de nuit également propres sont nécessaires pour assurer le bien-être nocturne. Aérez vos chambres à coucher durant le jour, retournez vos matelas et laissez-les exposés près de la fenêtre grande ouverte et vous jouirez, si vous avez la conscience tranquille du sommeil que vous méritez.

Pour avoir habité en France, la dernière ligne me laisse croire que ce texte est européen. Là-bas, on voit à l’occasion les draps ou les matelas exposés sur le rebord de la fenêtre grande ouverte durant le jour. Ici, le climat nous empêche de le faire pendant de nombreux mois de l’année. « On chaufferait le dehors. »

L’illustration, un dessin de Gérard Morisset, provient de l’ouvrage de la Congrégation Notre-Dame, L’économie domestique à l’école primaire, III^e et IV^e années (Québec, Presses de l’Action sociale, 1934), approuvé par le Comité catholique du Conseil de l’Instruction publique, le 23 septembre 1925.