Le diseuse de bonne aventure
Montréal avait autrefois l’honneur de posséder une tireuse de cartes dont la réputation était répandue dans toute la ville et qui avait une clientèle énorme.On allait la consulter à propos de tout et on en revenait toujours assez satisfait.
C’est une prophétesse qui lui a succédé, une vieille qui prédit l’avenir avec un aplomb admirable. Deux jeunes journalistes sont allés la visiter, la semaine dernière, et elle leur a dit :
L’année qui commence sera marquée par des événements très graves. Il y aura une grande guerre en Europe et il coulera beaucoup de sang. Il tombera énormément de neige cet hiver, mais pas avant la fin de février.
Il y aura un tremblement de terre au mois de mars et une éclipse de lune à la fin de mars.
Cet été, Montréal verra ce qu’elle n’a jamais vu et la fin du monde arrivera dans deux ans.
Voilà qui est grave. Heureusement que la «bonne femme» nous accorde encore deux ans à vivre.
Tout de même, ces prophéties sont bien vieilles et très vagues et cela sent le charlatan de la belle manière. C’est une manière comme une autre de se faire un peu de popularité et d’extorquer quelques centins. Les citoyens doivent savoir à quoi s’en tenir au sujet de ces prédictions et nous leur conseillons de ne pas se laisser prendre au truc.
Extrait de L’Étoile du Nord (Joliette), 7 janvier 1892.
Illustration de BiblioArchives/LibraryArchives sur Flickr.