La loterie, le bazar, la tombola
En 1900, cherche-t-on de l’argent pour financer une activité, un groupe ou une cause qu’on pense, bien sûr, à une levée de fonds. Et des femmes, habituellement, s’y mettent pour organiser une loterie. Mais le nom varie. Ce peut être aussi un bazar; plus tard, dans le siècle, on parlera de tombola, et quoi encore. Pêche à la ligne, roue de fortune, tirages, vente de sucreries. Habituellement, les populations, même de condition modeste, aiment ces activités, car on s’y amuse. En voici une belle racontée dans le quotidien montréalais La Patrie du 10 janvier 1890.
Hier soir, faisant une promenade sur la rue Notre-Dame, je dirigeai mes pas vers l’église Saint-Joseph. Arrivé là, je vois à mon grand étonnement le soubassement de l’église tout illuminé. Poussé par la curiosité, j’entrai et, jetant un coup d’œil autour de moi, je vis qu’on était en loterie.
La salle était des mieux décorée. Devant moi, une table était dressée ornée des mets les plus exquis et des liqueurs les plus savoureuses. Beaucoup de personnes avaient pris place autour de cette table, je fis comme eux et ainsi je pris part au dîner de famille donné pour les pauvres. Un peu plus loin, se trouve la pêche; là, je pris du poisson en quantité, du petit et du gros, je n’avais qu’à choisir.
À quelques pas de là est le bureau de poste où tous nous pouvons envoyer et recevoir les lettres aux personnes qui nous plaisent le mieux. Au centre de la salle, je vis un magnifique trône sur lequel était placée la fée des temps anciens; elle m’a dit ma bonne aventure, tout ce que je suis pour endurer pendant mon ménage, enfin elle nous dit tout ce que l’on veut.
Ce qu’il y a de charmant à voir, c’est le costume qu’ont les jeunes demoiselles. Chaque demoiselle a son costume particulier, et qui semble être fait pour les rendre plus coquettes. Enfin ceux qui désirent s’amuser pourront aller s’amuser, ce soir et demain soir, et alors ils diront : « Qu’il est bon de s’amuser tout en faisant la charité.»
Ci-haut, une photographie de Livernois proposant une vue éloignée des exposants et de leurs objets, dans le cadre d’une loterie en faveur de l’Apostolat des bons livres, tenue à la salle Loyola, rue D’Auteuil, à Québec, en 1906. Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Collection initiale, Photographies, Cote P600, S6, D1, P832.