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Beaucoup de celles et ceux qui habitent ce lieu sont tout à fait disponibles à des échanges

Il y a des conditions. Être seul. Faire le moindre bruit possible. Privilégier la douceur. Bouger, mais lentement. Idéalement, demeurer des moments immobiles. Et, bientôt, depuis des jours, les vivants ont une idée de qui vous êtes.

Hier, depuis la galerie avant, je voyais à distance, dans les herbes hautes, une Argynne cybèle butiner dans les fleurs de la Vesce jargeau. Comment faire pour l’approcher sans qu’elle fuit.

Cette argynne est là, aux alentours, depuis plus d’une semaine. Elle sait donc qui je suis.

J’essaie par la gauche, puis la droite. Mais rien à faire les herbes sont hautes et denses.

Soudain, et vous ne le croirez jamais, elle quitte ces fleurs pour venir se poser sur une feuille, si proche qu’elle est à ma portée. Et elle entreprend de me regarder, complètement immobile, sans aucune crainte. J’adore ces moments.

Et comme j’ai écrit à Alice, ma correspondante de Colombier, je lui ai beaucoup parlé, le plus doucement possible, lui disant que je savais qu’elle entend, qu’elle est de la famille des Nymphalidées dont certains disposent de l’ouie, et que le geste qu’elle pose pour moi est un langage, que c’est sa manière de me parler, comme le son que moi j’émets. Et elle écoutait et écoutait. J’en étais si heureux.

Je vous le dis, il y a des moments où il est possible d’approcher l’absolu. Et, alors, on a l’impression que tout nous est donné.

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