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« Ne pas être serait être sans que tu sois »

Ne pas être serait être sans que tu sois,

sans que tu passes au cœur du midi traversé

pareille à la fleur bleue, et sans que tu chemines

plus tard à travers les briques et le brouillard,

 

sans que cette lumière que tu portes en ta main

lumière d’or que nul autre ne saurait voir,

et dont nul n’a su peut-être qu’elle croissait

comme le commencement rouge de la rose,

 

sans que tu sois, enfin, sans que tu sois venue

brusque, stimulante, pour connaître ma vie,

rafale de rosier, et froment dans le vent,

 

et dès lors moi je suis parce que toi tu es,

et dès lors toi tu es, moi je suis et nous sommes,

par amour je serai, tu seras, nous serons.

 

Pablo Neruda, La Centaine d’amour, Paris, Poésie/Gallimard, 1995, p. 153. Traduction de Jean Marcenac et André Bonhomme.

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