Skip to content

Parlons arbres

La Ville de Québec vient de donner la permission de raser, à la sauvette d’ailleurs de peur que le débat ne s’envenime, vingt-sept arbres du boisé de l’école Rochebelle à Sainte-Foy pour en faire un stationnement.

C’est franchement une régression en 2019, alors qu’on débat partout du sort de la Planète.

À ces bonnes gens qui sont allés de cette permission, il faudrait peut-être leur rappeler ce que c’est un arbre, en quoi il nous est essentiel pour notre santé. L’arbre travaille pour nous, et nous n’en sommes même pas conscients.

Je cite ici le grand biologiste et botaniste français de l’Université de Montpellier, Francis Hallé qui y va bien poliment de ces mots :

Une bonne question à se poser lorsque l’on est devant un gros arbre est : « D’où vient la matière de cet arbre ? D’où sortent ces centaines de mètres cubes de bois ? » La question est légitime puisqu’il y a un siècle ou deux, il n’y avait rien à cet endroit, seulement une graine. Nos contemporains répondent souvent : « Cette matière sort du sol », mais cela n’est pas exact, ce qui sort du sol est quantitativement infime. La matière de l’arbre provient de l’air ; l’arbre est objectivement fait de polluants volatils, réunis par une épuration atmosphérique qui a le mérite d’être gratuite : pour faire 1 000 kg de bois, l’arbre absorbe 1 851 kg de gaz carbonique.

Cette vieille mentalité si ancienne de roi de la Nature n’a plus de sens aujourd’hui. Il faut se réveiller enfin. C’est bien plutôt nous qui avons tellement besoin des arbres. Pourquoi les couper ? Les jeunes qui ont manifesté leur désaccord avaient pleinement raison. Le politique ou la technocratie a erré.

 

Francis Hallé, « Un arbre tout neuf, Trois idées nouvelles au sujet des arbres », dans l’ouvrage Philosophie du végétal, un collectif des Annales de l’Institut de philosophie de Bruxelles, sous la coordination scientifique de Quentin Hiernaux et Benoît Timmermans, Paris, Librairie Philosophique J. Vrin, 2018, p. 78.

Ce billet est paru dans le journal Le Soleil, à Québec, édition du 3 juillet 2019.

4 commentaires Publier un commentaire
  1. "Le" lecteur assidu #

    Je ne comprends strictement rien à ce saccage !

    Le temps et la politesse m’empêchent d’en rajouter !

    1 juillet 2019
  2. Jean Provencher #

    Merci beaucoup, cher Lecteur assidu. Il faut vraiment que nous prenions conscience MAINTENANT que c’est bien nous qui avons besoin des arbres, et non l’arbre qui a besoin de nous !

    Les pouvoirs politiques et les technocraties doivent s’éveiller. Et bravo aux jeunes qui ne cessent maintenant de prendre la parole.

    1 juillet 2019
  3. Hélène Garant #

    Bonjour Monsieur Provencher,

    La ville vient d’abattre 2 peupliers centenaires sur la la rue Des Peupliers à Limoilou. Ceci après avoir autorisé un permis de construction d’une habitation presqu’à ras leur tronc. C’était pourtant prévisible qu’en coupant toutes les racines de ce côté, ces arbres passeraient de majestueux sauveurs à dangereux ennemis à abattre.

    Vous avez raison, les pouvoirs politiques et les technocraties doivent s’éveiller.
    J’ai des photos de l’avant et du pendant…. si vous les voulez?…

    3 juillet 2019
  4. Jean Provencher #

    Merci beaucoup, Madame Garant. Tout cela est bien triste de constater que les pouvoirs politiques et les technocraties, comme vous dites, ne sont absolument pas encore éveillés à la nécessité de sauver la Planète, diable ! Et ça commence par de petits gestes, en particulier la sauvegarde de nos arbres.

    Ils ont fait valoir qu’ils planteraient des arbres. Foutaise. Un gros arbre qu’on abat est une puissance pour avaler des gaz carboniques. Alors que le petit arbre qu’on plante mettra des années et des années avant d’être aussi puissants que le gros arbre.

    Quelque part, on se fout vraiment de nous. Et nos enfants ont raison, tout à fait raison de prendre la parole, de manifester !

    3 juillet 2019

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS