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La solidarité venue d’être né dans le même nid

Le nombre de jours vécus dans le même nid amène chez les oiseaux la reconnaissance de ses voisins immédiats et peut-être même le développement du sentiment d’une condition commune. Bien sûr, la recherche scientifique n’en est pas encore là.

Déjà, dans son livre important François Y. Doré, le professeur en psychologie et chercheur à l’université Laval à Québec, évoque chez plusieurs oiseaux l’aide qu’ils apportent « à leurs parents, frères ou sœurs pour construire un nid ou pour nourrir les oisillons même si cette aide retarde leur propre reproduction » [Doré : 116]. Le comportement parental, ajoute-t-il, est d’ailleurs l’exemple le plus évident d’altruisme. « En prodiguant des soins à leurs petits, les parents négligent souvent leurs propres besoins. Cependant, en assurant la survie de leurs petits, ils verront leurs gênes être transmis à la génération suivante. »

Chez moi, il m’est arrivé à maintes reprises d’observer de jeunes oiseaux nouvellement sortis du nid, ne demandant plus à leurs parents d’être nourris, mais se déplaçant ensemble d’un lieu à un autre. Ils vivent assurément avec la reconnaissance d’une histoire commune qu’ils ne larguent aucunement à leurs premières envolées. De connaître ensemble ces premiers moments d’autonomie les conforte sans doute.

Sur la première image, voilà deux des quatre Jaseurs d’Amérique vivant tous ensemble, en absence de leurs parents aux alentours, portant, sans la huppe, leur premier vêtement où domine le gris. Sur les images suivantes, deux Tyrans tritri, après s’être longuement taquinés dans les broussailles, décident d’une pause côte à côte à l’abreuvoir. Sur les deux dernières images, un couple de jeunes Chardonnerets jaunes, également indépendants de leurs parents, ne s’éloignent guère l’un de l’autre ; il suffit que l’un change de place et l’autre le rejoint aussitôt.

Manifestement, il semble que la vie en commun après la nidification aide le jeune à traverser les premiers jours. La recherche en viendra sans doute à le démontrer. Et il serait passionnant de découvrir combien de temps dure cette solidarité. Migre-t-on ensemble, par exemple ?

 

Doré, François Y., Dans la tête des animaux. Ce que l’on sait vraiment sur leur intelligence, Montréal, Éditions MultiMondes, 2017.

Les images furent prises sur deux années, la dernière semaine d’août et la première de septembre.

Cette page devrait apparaître dans un prochain livre ayant pour titre HISTOIRES NATURELLES.

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