Skip to content

Est-ce une maison hantée ?

Qui sont donc ces revenants ?

Ce matin, vers 1.30 heure, le constable Morin, du poste No 2, était de service sur la rue Craig, dans l’Est, lorsqu’il vit venir à lui une femme, à demi vêtue, qui lui dit tout essoufflée : « Venez vite chez nous, je crois que notre maison est remplie de revenants ou de voleurs. Nous ne sommes que trois femmes ensemble, et nous mourons de peur. »

Morin partit au pas de course suivi de sa compagne, et se rendit ainsi jusqu’à un pauvre logis situé sur la rue Craig, près de la rue Amherst.

Le gardien de nuit Ropert, qu’il rencontra en route, se joignit à lui et la petite troupe pénétra bientôt dans la maison hantée.

Deux femmes y étaient serrées l’une contre l’autre, dans un coin, à demi-mortes de frayeur.

Dans le grenier, au-dessus, un bruit étrange se faisait en effet entendre.

Morin prit bravement le parti d’y monter, une lampe à la main, par un escalier placé au dehors. Ropert était resté avec les femmes, prêt à toute éventualité.

À mesure que le constable Morin approchait du sommet de l’escalier, le vacarme devenait de plus en plus ahurissant.

Le grenier contenait un grand nombre de vieux meubles entassés là depuis des années. Cherchant partout, dans les coins obscurs, Morin découvrit bientôt la clef du mystère : ce n’étaient ni des revenants, ni des voleurs, c’était… un énorme chat, appartenant à la maison, et qui jouait avec une souris qu’il venait d’attraper.

Les planches qui formaient le parquet de ce grenier avaient été simplement jetées sur des lambourdes, et n’étaient fixées par aucun clou ni cheville, de sorte qu’à chaque bond du matou, elles se mettaient en mouvement avec fracas.

Le constable poussa un franc éclat de rire et descendit rassurer les femmes, qui attendaient avec anxiété le résultat de ses investigations.

« Oh ! merci, merci, firent-elles en chœur, sans vous nous n’aurions pas eu le courage de nous coucher de la nuit. »

 

La Presse (Montréal), 22 février 1901.

No comments yet

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS