Quand donc les ponts de glace peuvent-ils devenir dangereux ?
Il est toujours impossible de répondre franchement à cette question. Aussi faut-il jouer la prudence.
Les traverses de Longueuil et de Laprairie sont aujourd’hui en si mauvais état, par suite de la pluie abondante que nous avons depuis la nuit dernière, que c’est à peine si quelques cultivateurs s’aventurent sur le pont.
La glace est recouverte de six pouces à un pied d’eau [de 15 à 30 centimètres], et, de toutes parts, l’on voit des crevasses se former indiquant une décomposition rapide.
La traverse de Laprairie, après celle de St-Lambert, condamnée ce matin, est la plus menacée, et les cultivateurs qui ont l’intention de venir à Montréal par cette route devraient exercer la plus grande prudence. Le malheur qui a frappé deux respectables familles de Laprairie et de St-Philippe devrait, du reste, les mettre sur leurs gardes.
La traverse de Longueuil n’est guère plus solide, et plusieurs se demandent aujourd’hui s’il ne serait pas à propos que les deux municipalités intéressées prissent dès maintenant les mesures nécessaires pour prévenir une catastrophe.
Les parties dangereuses de cette dernière traverse se trouvent près des quais et au centre du chenal où le courant est le plus rapide. Dans ces deux endroits, en effet, la glace est très peu épaisse.
On peut en conclure que si la température ne tourne pas au froid, toutes les communications entre Montréal et la rive sud par le pont de glace seront fermées avant vingt-quatre heures.
La Presse (Montréal), 22 février 1899.
Le samedi, 25 février, les ponts ne sont toujours pas fermés.