« Les mangeurs de sel »
Les Londoniens, de bien grands mangeurs de sel.
Depuis que les Anglais ont lu, dans les journaux d’Amérique et d’Angleterre, que le sel était une panacée, une sorte d’élixir de longue vie, la consommation du sel a considérablement augmenté dans tous les restaurants de Londres.
Un journaliste anglais a parcouru les principaux restaurants de la cité, du West End et de Cheapside ; partout les patrons déclarent que leurs salières se vident à vue d’œil. Il leur faut maintenant faire remplir plusieurs fois par jour ces petits récipients qui, d’ordinaire, n’étaient jamais vides à la fin de la journée.
Bien mieux, un restaurateur de Leicester square déclare que, un samedi, il a complètement manqué de sel dans la soirée et qu’il s’est ainsi trouvé fort gêné.
Des habitués des grands restaurants ne cessent de demander aux patrons qu’ils servent plusieurs fois par semaine des plats très salés. C’est une rage, une furie. À Londres, pour le moment, tout est au sel ; le sel est devenu le roi des substances comestibles.
La Presse (Montréal),2 février 1901.