« Vertige »
Le granit et la verdure se disputent le paysage.
Deux pins au fond du ravin s’imaginent l’avoir fixé.
Mais la pierre s’arrache du sol dans un tonnerre géologique.
Joie rocheuse tu t’élances de toutes parts, escaladant jusqu’à la raison du voyageur, Il craint pour l’équilibre de son intime paysage qui fait roche de toutes parts. Il ferme les yeux jusqu’au sang, son sang qui vient du fond des âges et prend sa source dans les pierres.
Jules Supervielle (1884-1960), Gravitations, Paris, Poésie/Gallimard nrf, 1966, p. 191.
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