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La fin des bateaux, mais le retour de certains oiseaux

La clôture de la navigation approche. On s’en aperçoit à voir l’activité qui règne sur nos quais où l’on charge et décharge les marchandises avant que notre port soit fermé pour l’hiver.

Ce matin, le bateau de Montréal est arrivé avec une cargaison considérable de pommes et marchandises de toutes sortes. Nos marchands fruitiers profitent des derniers jours de la navigation pour s’approvisionner.

Notre reporter a fait une tournée sur les quais ce matin.

Aux quais qui longent le bassin Louise, il y a beaucoup d’activité.

On travaille à dégréer les nombreuses goélettes, qui ont terminé leur saison de navigation, pour prendre un repos de près de six mois.

Ainsi, au quai Tanguay, l’on remarque les goélettes Selig, Stadacona, Snow Queen, Souvenir, Minnie Bride, et une couple en partance.

Aux quais Renaud, l’on voit les goélettes Marius, Snow Shoe, Les Écureuils, Étoile de la Mer, Sainte-Marie, C. J. Bridges, etc.

Il y a aussi encore deux ou trois autres goélettes qui prennent chargement et partiront la nuit prochaine ou demain. Ce sera les dernières quittant notre port.

Dans le bassin, les vaisseaux commencent à entrer en hivernement. Ceux qui y sont déjà rendus sont la Canadienne et le bateau phare de l’Île Rouge, dans le bassin extérieur ; le Beaver, l’Anglesca, le Contest, une barge américaine, et un ponton couvert, la goélette des pilotes No 1, outre quelques petits vaisseaux dans le bassin intérieur.

Il n’y a plus aucun steamer prenant chargement de bois, et la saison de l’exportation du bois est close.

Notre port, en face de Québec, est complètement désert. On n’y voit plus pour ainsi dire que les bateaux de la Traverse, se rencontrant sur le fleuve.

Parfois l’on peut voir un petit remorqueur filant à toute vitesse, et ressemblant à l’oiseau migrateur qui fuit nos rives devenues inhospitalières. 

* * *

Au-dessus du fleuve, l’on peut voir voltiger en tout sens de gros oiseaux, aux ailes largement déployés, les uns blancs et les autres gris. Ce sont des goélands, oiseaux pêcheurs, et leur arrivée ici est le premier présage de la saison rigoureuse [j’ignore à quelle espèce de goéland l’auteur fait allusion]. Un petit renseignement en passant pour ceux qui ne le savent pas : les goélands gris sont les jeunes âgés d’un an à peu près, et les blancs sont âgés de plus de deux ans. Les premiers, dont la chair est encore tendre, sont bons à manger, mais les autres ont la chair comme de la semelle de cuir pour ainsi dire.

En flânant ce matin sur les quais, notre reporter a appris qu’on avait vu en face de la ville des perdrix blanches [Lagopède des Saules], chose très rare, car d’ordinaire les perdrix blanches ne remontent pas le Saint-Laurent et restent dans le golfe.

 

Le Soleil (Québec), 23 novembre 1898.

La Citadelle vue de la Terrasse à Québec, une photographie de Louis-Prudent Vallée vers 1875, est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Fonds ministère de la Culture et des Communications, Les grands inventaires nationaux, Album Paul Gouin, cote : E6,S8,SS6,P457.

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