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Il vous est peut-être déjà arrivé de croiser une personne où vous auriez aimé arrêter tout de suite le temps

Dans le bus, au resto à la table pas très loin de la vôtre, à l’entrée ou à la sortie d’un édifice quelconque ? Dans ces regards qui se croisent, il y avait soudain toute l’espérance que la vie peut laisser voir.

Mais l’envol suit aussitôt, comme celui d’Yvonne de Galais dans Le Grand Meaulnes d’Alain-Fournier. Comme une fête éblouissante imaginée, mais d’un bien court moment.

Dans la vie de Charles Baudelaire, cela se passa dans la rue. Et plus jamais il ne revit cette dame.

 

 

 

À une passante

La rue assourdissante autour de moi hurlait.

Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse.

Une femme passa, d’une main fastueuse

Soulevant, balançant le feston et l’ourlet ;

 

Agile et noble, avec sa jambe de statue.

Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,

Dans son œil, ciel livide où germe l’ouragan,

La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

 

Un  éclair… puis la nuit ! — Fugitive beauté

Dont le regard m’a fait soudainement renaître,

Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?

 

Ailleurs, bien loin d’ici ! trop tard ! jamais peut-être !

Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,

Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais !

 

« Leurs yeux se rencontrèrent… », Les plus belles premières rencontres de la littérature, Paris Éditions Galimard, 2003, p. 69.

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