Skip to content

Hommage au berceau

Un texte étonnant à la une du quotidien de Québec Le Canadien.

Le berceau est la première et la plus importante demeure de l’être humain. « C’est là, dit [Jean-Baptiste] Fonssagrives, qu’il subit cette sorte de seconde incubation qui est une froide continuation de la première, et qu’il s’essaye à la vie individuelle ; c’est le complément du foyer, le symbole de la perpétuité des générations, le pivot de la vie domestique, le centre des espérances, des joies et des regrets de la famille. »

À ces titres divers, le berceau mérite bien la sollicitude de l’hygiéniste, et les mères doivent être instruites par lui des conditions requises pour faire du lit d’un enfant une couche saine et commode.

On fait des berceaux avec cent matières diverses. Depuis le modeste osier, jusqu’aux métaux les plus précieux, tout a été employé pour leur confection ; l’hygiène ne voit aucun mal à cela, à la condition que jamais les parois du petit lit ne seront plaines [sic]. Le berceau doit, quelle que soit sa richesse ou sa pauvreté, représenter toujours une corbeille à claire-voie, jamais une caisse impénétrable à l’air.

Les mères peuvent donc donner libre carrière à leur fantaisie à cet égard, faire choix du noyer, de l’acajou ou du palissandre, préférer le filet de soie ou les réceaux [sic] métalliques ; l’important c’est qu’elles fassent à Bébé un nid treillagé et non compact.

Une boîte métallique ne vaut rien pour le nourrisson. C’est pour cela que les médecins proscrivent, aussi bien que les berceaux pleins, les berceaux à grillage capitonné. Ils ne s’opposent pas aux farouches ennemis de l’élégance, à ce que le petit lit soit orné d’une étoffe légère, rose, blanche ou bleue, mais ils ordonnent que cette garniture soit renouvelée souvent. Malheureusement, cette ordonnance est plus d’une fois oubliée. […]

Il y a environ un siècle, un médecin vulgarisateur, le docteur [J.-D.] Duplanil, écrivait : « La mode qu’on suit d’enfermer les enfants dans les berceaux bien couverts est très pernicieuses. On dirait que les nourrices ont peur que les enfants ne respirent un air pur, car les unes couvrent le visage de l’enfant tandis qu’il dort et les autres étendent une couverture sur leur berceau, de sorte que l’enfant est obligé de respirer le même air tout le temps qu’il est couché. De tels berceaux sont, à tous égards, nuisibles aux enfants. » […]

Dr. Félix Brémond.

 

Le Canadien (Québec), 8 septembre 1888.

No comments yet

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS