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Le grand soir de la lumière électrique dans les rues de Québec

Enfin ! si l’on n’y voit pas plus clair qu’auparavant dans ses affaires, l’on y voit assez depuis hier soir à Québec pour ne plus être exposé comme ci-devant à se tordre le cou ou à se casser les jambes sur les trottoirs défectueux, une fois le soleil couché.

Nous jouissons maintenant, tout comme des villes plus fortunées, des bienfaits inestimables d’une des plus grandes et des plus magnifiques découvertes du siècle : l’éclairage des rues au moyen de la lumière électrique.

Plus de lampes au pétrole et surtout plus de gaz qu’on nous supprimait odieusement par les ténèbres les plus épaisses sous le stupide prétexte de période lunaire. Mais le candide astre des nuits était voilé par les nuages, et par conséquent les malheureux citoyens n’y pouvaient rien ! Eh bien, voilez-vous la face maintenant, vous qui avez si malmené le public, si vous ne voulez être éblouis par votre puissante concurrence !

Mais pas de lyrisme, et apprécions comme elle le mérite l’expérience décisive d’hier soir. Surtout, soyons concis.

C’est à huit heures que, du deuxième kiosque de la terrasse Frontenac, Son Honneur le maire, en prononçant peut-être intérieurement les mots fameux de Fiat lux, donna au moyen d’une sonnerie électrique, aux usines de la compagnie aux chutes Montmorency, le signal de transmettre le fluide merveilleux. […]

Une minute s’était à peine écoulée depuis le signal que, par toute la ville, la lumière surgit comme par enchantement. Pendant quelques secondes, elle hésita un peu, mais tout-à-coup elle se dégagea limpide et brillante, et de toute part éclatèrent des applaudissements.

Par la suite, une quarantaine d’invités prennent place dans des voitures pour juger, à travers les rues de la ville, de l’effet « du nouveau luminaire ».

Sur tout le parcours […], une foule de gens étaient assis à la porte de leurs demeures ou circulaient sur les trottoirs, examinant les effets de la lumière électrique et devisant sur ses mérites. On  semblait partout éprouver une juste admiration. […]

Nous ne saurions terminer ce lumineux compte-rendu, sans féliciter l’entreprenante compagnie qui a si bien réussi jusqu’ici à dissiper les ténèbres qui enveloppaient trop souvent notre ville, et son actif gérant M. Mohr, qui a fait preuve jusqu’à présent de bon vouloir.

 

Le Canadien (Québec), 2 août 1887.

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