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En avez-vous assez de tout de ce que les médias — radio, télé, journaux, internet — nous servent ?

Courez chez votre libraire et demandez-lui de vous commander Traversée de Francis Tabouret, qui vient de paraître chez P.O.L. Un véritable repos. D’abord l’auteur écrit bellement. Et puis quel sujet !

Tabouret fait métier de convoyeur d’animaux, ici de prendre soin des bêtes qu’un navire transporte dans des conteneurs jaune serin entre la France et les Antilles. Voyez le ton… simplement à l’embarquement. Les taureaux sont dans un premier compartiment, les moutons dans un second.

Les taureaux ? Une seule consigne : ne pas s’approcher. Huit taureaux , sept à neuf cents kilos par tête, les hectares du port autour. Alors, oui, « suppression des distractions» : les dockers sont venus avec leurs engins qui soulèvent des conteners comme des boîtes d’allumettes. Ils ont fait un couloir, large d’un taureau, du pont du camion au contener canari. Le chauffeur a ouvert les portes, quelques coups fermes sur les croupes, et les taureaux de marcher lentement, force comme en veille, jusqu’à la boîte et d’entrer dans ce qui sera leur étable pour treize jours et six mille trois cents kilomètres de mer.

Charger des moutons, c’est autre chose. Vous montez dans le camion, ils font bloc contre tout : la solidarité par la fusion, grégaires jusqu’à ne plus faire qu’un seul corps, ils se pressent les uns contre les autres. Il faut en attraper un, par une patte de devant, comme si vous lui teniez la main. Vous l’emmenez et les autres suivent : ils suivent le premier qui bouge. Ce ne sont pas des moutons, c’est un troupeau que vous prenez par la main.

Les chevaux, pour peu qu’ils soient dressés, vous font confiance. Je les ai découverts un à un, à mesure que le bat-flanc du camion s’ouvrait : oh petite pouliche grise, oh grande jument baie. Vous tenez la longe, ils vous suivent. Dans le contener comme jusqu’au bout du monde.

Je vous le dis, véritable repos. Tenez-vous éloigné des médias pour un temps, payez-vous cet ouvrage de moins de 160 pages, un soir calme sous la lampe. Reposez-vous un brin des humains, laissez place à la mer et aux bêtes. Et puis vous connaîtrez la vie de bateau avec des animaux, où tout est dans le regard. Toujours regarder les bêtes lorsque vous les visitez pour en prendre soin, car elles-mêmes vous regardent, mettent leur confiance en vous. Leur parler, leur demander si elles vont bien. Les rassurer. « Tout ira bien. »

Vous aimerez ce livre qui sort tellement de l’ordinaire.

 

Francis Tabouret, Traversée, Paris (rue Saint-André-des Arts, jolie petite rue), P. O. L. éditeur, 2018.

Voyez ici l’auteur racontant son périple le temps d’une dizaine de minutes.

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Marielle Julien #

    Très intéressant, il nous donne l’envie de lire son livre. Merci de nous l’avoir fait connaître.

    9 juillet 2018
  2. Jean Provencher #

    Merci beaucoup, chère Madame Marielle. Ce livre vraiment nous sort de l’ordinaire, on y retrouve une paix avec ces bêtes en mer.

    9 juillet 2018

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