J’ai joué avec cet oiseau
Est-ce une corneille, est-ce un Grand Corbeau ? Mon ami Mario me dirait qu’il est difficile de départager les deux, car la plus grosse des corneilles est quasi de la taille du plus petit des Grands Corbeaux.
Mais qu’importe, cet oiseau, un corvidé, le plus intelligent de nos oiseaux, sait que je suis fournisseur de nourriture dans ce milieu très calme, loin des bruits du monde.
Je m’assois sur le rebord de la galerie avant, au soleil, immobile et silencieux, caméra sur la poitrine. Bientôt, ma foi ! je remarque qu’il s’en vient. Et j’ose, avec grande douceur, un mot pour lui dire que ça me réjouit. Immédiatement, il recule d’une vingtaine de pieds, six mètres dirais-je. Merde, je viens de briser le silence.
Je ne bouge toujours pas. Et il reprend sa marche, très lente, craintive, en ma direction. Et je me fais à nouveau bavard, ce qui l’effraie. Et il retourne à l’arrière.
À trois reprises, il tentera de s’approcher, mais mes mots ne lui convenaient pas, toujours effrayé de soudain les entendre. Même doux, ces sons polluaient le silence.
Il se rend finalement se percher dans un arbre tout près pour criailler. Criailler quoi ? allez savoir. Mais c’est bien de ma faute si la relation a échoué, il ne connaît pas nos mots.
J’aurais tant aimé.