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Le charivari, une coutume française très ancienne, refait surface (second de deux billets)

Hier, nous étions en plein charivari. Avec bruits de casseroles et trompettes. Un veuf d’âge mûr venait de se remarier. Retrouvons tout le monde.

Soit qu’il n’eût pas assez de boisson à la maison pour traiter tout ce monde-là, soit qu’il ignorât l’usage, le remarié n’ouvrit pas sa porte. Il éteignit la lampe, comme si rien n’eût été. Le charivari, de guerre lasse, s’éloigna au bout de quelques heures.

Mais les joyeux tapageurs ne s’avouèrent pas vaincus. Ils revinrent le lendemain soir, plus forts en nombre et en instruments cacophoniques.

C’en était trop pour la mariée. Elle s’en prit à son mari et lui déclara tout de suite qu’elle ne resterait pas un jour de plus avec lui, s’il ne parvenait pas à obtenir la paix de ses voisins. La vieille venait d’une paroisse éloignée et elle s’imaginait être tombée dans un pays barbare, où son mari était détesté.

Un mari menacé de perdre sa nouvelle femme n’a plus de complaisance.

Il cria des injures aux « charivaristes » ; ils se moquèrent de lui. La nuit se passa comme la précédente.

Le matin, notre homme avait pris une résolution extrême. Au petit jour, il gagna le chef-lieu du district, Sweetsburg [un peu à l’est de Cowansville], et demanda la protection du constable Boisvert et de ses hommes de police.

Puis, il revint chez lui, attendant le soir avec anxiété.

Quand les dernières lueurs du crépuscule furent disparues derrière la montagne, le bataillon du charivari, plus nombreux que jamais, vint investir la place.

C’est alors que Boisvert et ses hommes parurent. Tous les manifestants furent arrêtés. Il y avait des conseillers municipaux, des fils de marguilliers, des citoyens universellement respectés, mais surtout des jeunes gens. Tous promirent de comparaître le lendemain soir, devant un juge de paix de West Shefford, et chacun chez soi en paix s’en retourna.

Le connétable introduisit la cause devant un vieil anglais du village de Shefford, qui a la réputation de ne pas aimer les Canadiens-français. Chacun des accusés fut condamné à $5 d’amende et les frais.

Après la séance du tribunal, les condamnés et leurs amis se réunirent à l’hôtel du village et se consolèrent jusqu’à une heure avancée de la traite que leur voisin remarié leur avait refusée.

On croit que la coutume du charivari a reçu un coup mortel dans la région. Et l’on dit que la vieille s’est réconciliée avec son vieux.

 

La Patrie (Montréal), 28 février 1908. Il y aura au cours des années de nombreux charivaris. Voici ceux que nous avons recensés à ce jour pour ce site.

Au début du 19e siècle, on en tient deux à Montréal.

Au printemps 1883, voilà un groupe de charivaristes à la Côte Saint-Michel, toujours à Montréal.

En octobre 1887, à la Pointe-Saint-Charles à Montréal, un politicien est victime d’un charivari.

Le 22 août 1898, on fait charivari à Saint-Paul d’Abbottsford.

En 1903, des Québécois de langue française font charivari à Winchendon, Massachusetts.

Toutefois, le charivari le plus récent, et dans l’ensemble du Québec, s’est tenu au printemps 2012, surnommé le « Printemps érable ». La population  en avait soupé du gouvernement québécois en place. Mais tout cessa abruptement après des semaines de soirées de fête.

Voir cette première vidéo tournée à Québec par Jonathan Seaborn.

Et cette autre tournée à Montréal par Jeremie Battaglia.

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