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Février, le mois de la neige

À l’occasion, depuis Québec, l’écrivain Jules S. Lesage (1871-1953) échappe une chronique dans La Patrie, à Montréal. Le voici sur février.

Le mois de février, pour emprunter le langage « sportique » détiendra le « record » des tempêtes de neige. On croit que c’est fini ; ce n’est qu’un calme apparent et trompeur ; voilà que ça recommence, qu’il vente et qu’il poudre comme de plus bel.

Mais que voulez-vous, en temps de carnaval, c’est de saison et puis ces bourrasques neigeuses, qui, pareilles à quelques cyclones passent ainsi sur notre ville si paisible, bien assise sur son cap Diamant, mettent un peu d’animation dans l’air.

Le service des « tramways » en est suspendu quelques heures tout au plus, ce temps d’arrêt nous permet, semble-t-il, de reprendre haleine au milieu du brouhaha et de la rapidité de la vie qui nous emporte.

Lorsque la tempête a cessé et que le vent est tombé, il continue encore à neiger, tout comme si nous n’en avions pas assez de cette substance qui des mois durant menace de nous ensevelir vivants sous une prochaine avalanche.

Seuls les vieilles et bonnes gens, que leur grand âge retient à la maison, en voyant de la fenêtre tomber encore la neige, devenus songeurs, rêvent aux choses, aux plaisirs d’autrefois ; ce sont pour eux « les neiges d’antan » !

Ils regrettent alors « le bon vieux temps » meilleur que le nôtre à leurs dires, et ces chers souvenirs qui leur reviennent en foule modulent en leur cœur resté toujours jeune une douce cantilène qui les berce et les enchante !

Aussi d’entendre jouer un air ancien ou chanter une vieille romance, leurs yeux se mouillent de larmes, et, sur le passé ressuscité, leurs lèvres esquissent un sourire mélancolique.

 

La Patrie (Montréal), 27 février 1909.

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