Le mensuel français Science et Vie vient de présenter un dossier étoffé sur les plantes
Dans plus d’un domaine, nous sommes en ce moment à procéder à une toute nouvelle lecture de la vie, en particulier en botanique.
Francis Hallé, botaniste, auteur du livre Éloge de la plante, Pour une nouvelle biologie (Seuil, 1999), pour lequel il avait fait rire de lui par certains à la parution de cet ouvrage, en est fort heureux ; il est ravi que les biologistes s’intéressent maintenant aux plantes sous un angle tout à fait neuf. Mais il espère qu’on évitera d’aborder les végétaux sous le prisme de l’anthropomorphisme.
C’est ce qu’il déclare à Science et Vie. « À vrai dire, ajoute-t-il, il serait plus pertinent de les considérer comme de véritables extraterrestres qui ont peuplé cette planète bien avant nous. »
Voici quelques constats du dossier de Science et Vie préparé par Jean-Baptiste Veyrieras, étudiant en journalisme scientifique à l’École supérieure de Lille.
Les plantes pensent, mais il ne faut pas chercher où loge leur cerveau, elles sont tout entières leur propre cerveau. « Le chercheur italien Stefano Mancuso, qui a cosigné en 2006 l’un des articles fondateurs de cette approche, se réjouit : Il y a eu beaucoup de travaux publiés ces dernières années sur l’intelligence des plantes et sur leur capacité à traiter une grande quantité d’informations liées à leur environnement. » […]
«Le botaniste Anthony Trewavas, qui a engagé sa notoriété scientifique pour défendre l’initiative de son confrère italien, inscrit la biologie cognitive dans cette optique darwinienne : Je considère que l’intelligence chez les plantes a trait avant tout à leur capacité à survivre dans leur environnement. Il s’agit de leur aptitude à résoudre des problèmes spécifiques à leur existence. Et d’affirmer sans détour : Les végétaux présentent des comportements que les neuroscientifiques eux-mêmes décrivent comme des formes basiques d’intelligence. […]
« Enracinées à vie, les plantes ont développé au fil des millions d’années un impressionnant arsenal de comportements intelligents en vue d’affronter les caprices et les dangers de la nature. La sélection naturelle agit en premier lieu sur les individus, et arrache, à chaque génération, telles de mauvaises herbes, tous ceux qui ne font pas preuve d’un minimum d’intelligence pour survivre, précise Anthony Trewavas. Chaque plante perçoit ainsi en continu son environnement, traite de multiples informations, fait appel à sa propre mémoire afin de prendre la meilleure décision en vue d’améliorer ses chances de survie. […]
« Ce n’est pas parce que les plantes n’ont pas d’organe centralisé comme notre cerveau, ni même de neurones, qu’elles ne possèdent pas certaines de ces fonctions, avertit Stefano Mancuso. Elles n’ont pas de poumons, et pourtant elles respirent. Il faut donc chercher ces fonctions un peu partout, distribuées au sein de la plante et de ses cellules. […]
« Comment une graine décide-t-elle de pousser ? Comment une tige se souvient-elle des températures ? Comment une plante apprend-elle à repérer les nutriments ? Des découvertes récentes esquissent des réponses, déroutantes et fascinantes, qui permettent enfin de se représenter, autant que faire se peut, ce que cela fait à un arbre d’être un arbre. »
Le sujet vous intéresse, vous en trouverez davantage dans ce dossier de Jean-Baptiste Veyrieras.
«Elles pensent ! Révélations sur l’intelligence des plantes », Science et Vie (Montrouge), décembre 2017, no 1203, p. 45-60.