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Un rare tremblement de terre à Montréal

Ce que ressentent les Montréalais.

Bon nombre de citoyens apprendront avec étonnement, peut-être, que l’île de Montréal a été secouée par un tremblement de terre, la nuit dernière, et que deux secousses assez fortes, pour au moins réveiller les demoiselles du téléphone et faire danser la vaisselle rangées dans les armoires, se sont fait sentir à une heure d’intervalle.

D’après les opérateurs du télégraphe d’alarme, qui, dans leur tour de l’hôtel de ville, veillent sur le sommeil des citoyens, l’île a eu son premier frisson à 11 heures 45, hier soir. Ce fut comme une ondulation, un mouvement de tangage très peu prononcé, mais très distinct, qui éveilla les dormeurs, fit s’entrechoquer les verres sur les buffets et fit stopper les pendules.

S’étant rendu compte que le bruit bizarre qu’ils avaient entendu et la secousse qu’ils avaient ressentie n’avaient rien d’ordinaire, les résidents de la rue Saint-Denis remarquèrent même qu’il ne passait pas de tramway à ce moment ! Les citoyens s’alarmaient et voulurent savoir de quoi il en retournait. Était-ce une explosion ou tout simplement un tremblement de terre ; quelque chose comme un écho affaibli du grand tremblement de Messine [ville dévastée en Italie].

Le téléphone eut pour un  beau quart d’heure d’occupation et ces demoiselles poussèrent même l’amabilité jusqu’à informer chaque client, qu’il arrivait après cent autres et que la « secousse » — explosion ou tremblement — avait été ressentie sur tous les points de la ville.

Ce n’était pas rassurant et des particuliers ont pensé à téléphoner au poste de police du quartier, pour mettre les autorités au courant de ce qui s’était passé.

Empressés, les constables qui partaient faire leur quart, sous le froid intense qu’il faisait dehors, promirent de faire le guet sur la rue et de consulter les passants..

C’est ainsi que, ce matin, des rapports sont parvenus au poste central, à l’effet que les citoyens qui avaient été arrachés de leur lit vers 11 heures 45, hier soir, étaient bien fondés à croire qu’ils avaient été les témoins d’un phénomène sismique et non la proie d’un cauchemar. […]

Il appert même que la secousse ressentie à 11 heures 45 ne fut pas isolée, puisque de Westmount nous vient la nouvelle qu’une autre fut ressentie à minuit et demie et les opérateurs du télégraphe d’alarme, à l’hôtel de ville, en rapportent une autre à une heure 45 minutes, ce matin, juste 2 heures après la première.

Par contre, des incrédules, qui étaient debout à l’heure du prétendu phénomène, n’ont rien remarqué d’anormal, d’où il ne faudrait pas conclure, toutefois, que l’histoire est sans fondement.

 

La Patrie (Montréal), 1er février 1909.

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