À Montréal, les familles pauvres souffrent du froid et de la faim
Le quotidien montréalais fait la une de cette manchette.
Avec les gros froids qui viennent de faire leur arrivée, la pauvreté et la misère semblent augmenter dans notre ville. Les sociétés de bienfaisance voient, chaque jour, affluer à leur porte les demandes de secours.
Les refuges reçoivent chaque jour des contingents plus nombreux. Enfin, les postes de police eux-mêmes sont envahis par les indigents et les nécessiteux.
Tout fait prévoir une surabondance de misères et de souffrances pour les mois de janvier et de février. Jusqu’ici la température avait été relativement clémente, mais les froids récents, qui ont passé sur Montréal, ont révélé, en les forçant à aller demander surtout du combustible, le grand nombre de pauvres qui sont actuellement sans charbon et sans argent, face à face avec le froid rigoureux et la faim.
La misère est plus grande cette année, parce que l’été n’a pas été fructueux et qu’actuellement il y a, pour les journaliers, rareté de travail. Les gens de métier, eux, trouvent assez facilement de la besogne.
Pour donner une idée du nombre de nécessiteux, il suffit de dire que dans l’espace de deux jours, mardi et mercredi, 309 personnes sont allées se réfugier aux postes de police.
Les conférences de St-Vincent de Paul, qui font tant de bien à Montréal, constatent une forte augmentation de misère. Il y a 36 conférences à Montréal et en moyenne chacune d’elles soutient une moyenne de 25 familles, ce qui donne un total de 870 familles, au moins.
Certaines conférences fournissent le combustible et les vivres à 50 et 60 familles. Il se fait une multitude de demandes de charbon. Or, l’hiver ne fait que commencer et on peut s’attendre dans le cours de janvier et de février, alors que les gros froids sévissent, à une recrudescence de pauvreté et de souffrance.
Les sociétés de bienfaisance font de leur mieux, nous a déclaré un de ses officiers, mais il appartient au public de leur aider en donnant généreusement. La société, St-Vincent de Paul, en particulier, compte sur la générosité des Montréalais pour aider les nécessiteux à passer sans trop souffrir le reste de l’hiver.
La Patrie (Montréal), 8 janvier 1909.