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Connaissez-vous le cimetière Père-Lachaise à Paris ?

Vous vous retrouvez dans la capitale française, il vaut vraiment le détour. Le journaliste et linguiste québécois Sylva Clapin (1853-1928) nous raconte sa visite des lieux le 2 novembre 1883.

J’ai voulu faire moi aussi, dans la journée d’hier, mon pèlerinage annuel au Père Lachaise.

Il était tard quand j’y entrai. Déjà, au dehors, quelques réverbères s’allumaient. Par-dessus la cité des Morts, comme un long voile de deuil, l’agonie lente de cette tombée de jour d’automne.

Au-dedans, une affluence énorme. Beaucoup de couronnes et de fleurs au tombeau d’Alfred de Musset, à ceux d’Héloïse et Abélard, du général Foy, de Thiers. Çà et là, sur quelques tombes isolées, des femmes vêtues de crêpe, agenouillées parmi les feuilles mortes, avec la vision du Dieu pitoyable penchée sur elles………. […]

L’on a beau ne plus croire en la survivance du « moi » qu’un Holbach ou un La-Mettrie, l’on retourne quand même, chaque année, aux cimetières pour y converser à nouveau avec ses chers Morts. Bien rare est celui qui n’en rapporte pas, quand ce n’aurait été que durant l’instant d’une minute fugitive, l’image consolante d’un être jadis tendrement aimé, et qui pour lui s’est soudain ranimé, lui tendant les bras… comme autrefois, l’enveloppant du doux rayon de ses yeux à cette heure, hélas ! à jamais éteints, lui souriant divinement, de ce sourire extatique que l’on se plaît à mettre sur les lèvres de ceux qui ne sont plus…

Noble et chère rêverie devant le mystère de la destinée !

La nuit, maintenant, était tout à fait venue. La foule s’écoulait silencieuse, comme oppressée. À travers les cyprès des allées, la lune montait, montait, répandant ses flots argentés sur les innombrables pierres blanches des tombes, noyant les monuments, les colonnes. Pas un bruit. À peine, en approchant des portes, le grondement lointain de l’énorme fourmilière vivante. Sur tout cela, l’irrévocable sérénité des destins révolus, le grand apaisement des longs travaux enfin accomplis………..

« Les morts vont vite » a dit la ballade allemande !

Sylva Clapin.

 

Le Canadien (Québec), 20 novembre 1883.

L’image est extraite d’une courte vidéo tournée au Père-Lachaise par Mathieu Stern. Si ma mémoire est bonne, mon fils, qui est passé au Père-Lachaise à quelques reprises, l’a rencontré.

A Hauntingly Beautiful Time Lapse Tour Among the Statues of Père Lachaise Cemetery in Paris

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