Henry David Thoreau et la marche
Le philosophe, naturaliste et poète américain fut un bien grand marcheur. D’ailleurs, l’année de son décès, en 1862, la revue Atlantic Monthly a publié un article long du personnage, Walking, sur le sujet. Nous y reviendrons.
Mais déjà le poète et penseur contemporain d’origine écossaise, Kenneth White, nous propose quelques lignes à ce sujet, des lignes dans lesquelles Thoreau évoque même la « nature writing » sans utiliser l’expression.
Si Thoreau utilise ses pieds, c’est donc, en fin de compte, au bénéfice de sa tête, ou disons de son être, de son corps-esprit tout entier. Ce n’est pas un sportif qui sort pour abattre des kilomètres, il ne fait pas de « footing », comme on dit. Il pratique la marche intelligente. Pour lui, marcher, c’est se mettre en rapport avec une intelligence diffuse qui dépasse le savoir. Si Thoreau ne trouve pas cette intelligence dans la science, il ne la trouve guère non plus, hâtons-nous de le préciser, dans la plus grande partie de ce qui passe pour poésie :
« Où est la littérature qui donne expression à la nature ? Poète serait celui qui saurait faire parler les vents et les ruisseaux […] dont les mots seraient aussi frais et naturels que les bourgeons à l’approche du printemps […]. Je ne connais pas de poésie qui exprime d’une manière adéquate mon élan vers la vie […]. La meilleure poésie que je connaisse est encore trop civilisée, trop domptée […] Je demande quelque chose qu’aucune culture ne peut donner […]. C’est la mythologie qui s’en rapproche le plus. »
Kenneth White, La Figure du dehors, Grasset et Fasquelle, 1978, p. 80s.
Félicitations Jean pour ton site.
Excellente photo, ton observation de la nature est exceptionnelle.
Je suis allé visiter l’étang de Walden cet été, je t’enverrai quelques photos.
Mark Bender
Super, cher Mark ! Dès que tu as le temps, je te remercie de m’en faire suivre quelques-unes, je les échapperais volontiers sur le site.
Et ce marcheur en forêt, tu auras reconnu qu’il marche dans la forêt de Sainte-Anasse.
Passe un bien belle journée.
« Souvent, (Thoreau marche) des journées entières, dans des directions différentes. Parfois au hasard. Non pour aller quelque part, plutôt pour approcher l’inconnu. (…) Marcher est considéré comme une affaire vitale et spirituelle. Pas question de divertissement, seulement de salut, de rédemption, de reconquête de la nature perdue. (…) « Si vous êtres prêts à abandonner père et mère, frère et sœur, femme, enfants et amis et à ne jamais les revoir ; si vous avez payé toutes vos dettes, rédigé votre testament, réglé toutes vos affaires et êtes un homme libre ; alors vous êtes prêts pour aller marcher. »
Quel sens a donc pareille rupture ? Vers quelle Terre sainte, quelle béatitude, chemine ce marcheur en quête d’Absolu ? »
Tiré de: Comment marchent les philosophes, de Roger-Pol Droit
Salut Jean.
Je ne connaissais pas ce texte, Louis. Merci beaucoup.