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La comète passe, qu’attend-on pour se lever ?

Plutôt le sommeil que le spectacle ?

L’expérience de la peine qu’ont généralement les humains à s’arracher aux douceurs du sommeil matinal autorise à soupçonner beaucoup de personnes de n’avoir pas encore vu la comète.

On se couche avec la ferme résolution de se lever assez tôt le lendemain pour contempler le brillant visiteur, et l’on a même soin de placer un réveille matin près de son chevet, mais quand le carillon vous rappelle soudain du pays des songes, on maudit du fond du cœur l’engin infernal, on se retourne et l’on se rendort.

C’est ainsi que les nuits se succèdent et qu’on a chaque jour la honte d’avouer à ses amis qu’on n’a pas encore vu la comète. Ce n’est pas que l’envie en manque, mais le sommeil est le plus fort. Le spectacle vaut pourtant la peine du sacrifice qu’il exige, car, nous l’avons déjà dit, il y a un quart de siècle qu’il n’a pas été donné aux hommes de voir aussi magnifique comète, et Dieu sait quand l’occasion se représentera ! Donc, un peu de courage, et l’on s’en félicitera.

Cette comète qu’il serait honteux de laisser disparaître sans l’avoir observée au moins une fois, est maintenant visible de 4 heures du matin au lever du soleil. Sa position actuelle est estimée à 70 millions de milles du soleil et 120 millions de milles de la terre. Elle va vers l’est, s’éloignant du soleil avec une vitesse évaluée à deux millions et demi de milles par 24 heures. Elle sera visible chaque jour 5 minutes plus tôt que la veille, de sorte que, dans une période facile à calculer, elle pourra être vue à minuit en supposant qu’elle reste visible à l’œil nu, ce qui est douteux, car l’éclat du noyau a déjà très sensiblement diminué, et il est probable qu’il continuera à décroître à mesure que l’éloignement du soleil sera plus grand.

Il est possible que la comète demeure visible à l’œil nu jusqu’à la fin de novembre, mais il est probable que cette période finira avec le mois courant. Les dormeurs n’ont donc plus beaucoup de temps à perdre pour faire un grand effort. La longueur de sa queue, suivant un calcul approximatif, doit être de 50 millions de milles.

La composition de cette remarquable comète n’est pas entièrement connue. L’opinion, émise par les observateurs de France et soutenue, croyons-nous par M. Béchet, de Yonkers, qu’elle contient du sodium, est aujourd’hui émise par tous les astronomes comme un fait acquis, mais les autres éléments sont matière à conjectures, bien qu’on ait presque la certitude qu’ils renferment du carbone et de l’hydrogène. Quelques astronomes y ajoutent nitrogène, cyanogène et oxygène, mais ce n’est pas article de foi.

Les immenses dimensions de la comète doivent s’expliquer par la présence du sodium, qui est un des métaux les plus volatilisables connus.

Ce qui précède écrit, nous apprenons qu’un changement à vue vient de s’opérer dans la comète. Son noyau s’est divisé en trois fragments dont le plus grand a environ 15,000 milles de long et qui sont séparés de 2,000 les uns des autres. Le noyau a maintenant la forme d’une bande dont la longueur est estimée à 24,000 milles et la largeur à 3,000 milles. Le changement ne se distingue qu’au télescope.

À l’œil nu, la comète a gardé la même apparence qu’avant le fractionnement du noyau.

 

Le Journal des Trois-Rivières, 12 octobre 1882.

La dame historienne, qui l’autre jour, à l’occasion de l’anniversaire du lancement du Spoutnik, faisait à la radio une revue rapide de l’intérêt de l’humanité pour l’astronomie depuis le 16e siècle, échappa que tout retomba au 19e siècle et qu’il faudra le satellite russe en octobre 1957 pour tout relancer. La dame était dans les pommes de terre. L’intérêt n’a jamais cessé. Il est là depuis bien longtemps d’ailleurs, bien avant le 16e siècle.

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