La sage conservation des fruits
La cause des confitures est gagnée, et tout le monde y gagne, c’est entendu.
N’empêche que les fruits « nature » sont bien bons à travers l’hiver et jusqu’au lointain printemps.
Le malheur, c’est qu’on n’y met pas assez de soin à la campagne. À la saison, chacun en avale que veux-tu, et puis, quand il n’y en a plus, il n’y en a plus.
Raisins, pommes, poires, noix, châtaignes ne demandent pourtant pas mieux que de durer jusqu‘à la saison prochaine, à condition :
1) D’être choisis sains, exempts de piqûres d’insectes et de meurtrissures ;
2) D’être rentrés secs et pas trop mûrs ;
3) D’être mis en bocal tranquille, obscur, sain, propre, exempt de toute matière fermentescible et à température constante, plutôt un peu froide, par exemple, celle d’une cave bien saine et bien obscure ;
4) D’être rangés à une distance les uns des autres, si petite soit-elle ;
5) De n’être pas dérangés à chaque instant, remués, tâtés, bousculés ; ils veulent la paix. Ils sont délicats, la moindre meurtrissure leur est fatale.
6) D’être surveillés par quelqu’un de soigneux, toujours le même, et qui, de temps en temps, va passer l’inspection, faire la provision en enlevant toujours les plus mûrs et ceux qui menacent de se gâter.
La Patrie (Montréal), 15 septembre 1906.