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Pourquoi le Québec n’officialiserait-il pas une cueillette de nos grands chants populaires ?

Extrait d’un billet non signé faisant la une du quotidien montréalais La Patrie à l’été 1891 sous le titre « Chants populaires normands ».

 Si tous les livres d’un peuple étaient perdus, on pourrait reconstruire l’histoire de ce peuple au moyen de ses chants populaires que les paysans et les artisans se transmettent de génération en génération à travers les siècles.

C’est ainsi, à ce que prétendent certains critiques, que fut composé l’Illiade, — ce chef-d’œuvre du génie poétique de la plus brillante des nations, — qui serait, à les en croire, le recueil de chants de plusieurs rhapsodes.

Depuis une soixantaine d’années, les Allemands ont cultivé avec succès une nouvelle branche de la littérature sous le nom de folk’s lore, dont la spécialité est la recherche des vieilles légendes et des chants populaires d’une nation. Les Anglais les ont suivis de près dans cette voie et nous avons eu, grâce à leurs premiers efforts dans ce sens, cette précieuse collection faite par Percy.

Les Français vinrent après eux. En 1852, un décret de Napoléon III enjoignait aux préfets de rechercher les poésies et les chants populaires de la France.

Il était grand temps ; car, en ce siècle de chemins de fer et de communications télégraphiques, les vieilles chansons de France sont menacées de disparaître devant l’envahissement des chants de Paris.

Au nombre des volumes dus à ces amateurs français du folk’s lore, nous sommes heureux de trouver un album contenant les paroles et la musique de « Cinquante chants populaires recueillis dans la Haute-Normandie, harmonisés par M. Édouard Mouillé », et que ce dernier vient de mettre en vente à Paris (No 1, rue Blanche).

« Les chansons qui figurent dans ce recueil, écrit M. Mouillé dans sa préface, sont, pour la plupart, des rondes que les gens appellent danses en dalet (?), des légendes, des contes et quelques noëls. »

 

La Patrie (Montréal), 1er août 1891.

La page couverture du travail d’Édouard Mouillé apparaît sur le site suivant.

Pour l’officialisation  d’une cueillette de nos grands chants populaires, nous pourrions d’abord tabler sur l’ouvrage d’Ernest Gagnon publié 1880, Chansons populaires du Canada. Le musicien et ethnologue en a recensé alors 106.

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