Skip to content

Sylvain Tesson rend hommage à Jean-Henri Fabre (1823-1915)

Dans son dernier ouvrage, l’écrivain et voyageur, de passage à Sérignan, dans le département de Vaucluse, région Provence-Alpes-Côte d’Azur, rappelle à la mémoire l’homme de sciences, poète, humaniste et passionné de nature.

Jean-Henri Fabre s’était installé en ce village en 1889. Naturaliste (il ne voulait pas qu’on l’affublât du nom d’entomologiste), il s’était reclus dans un jardin où il acclimata des espèces tropicales, des arbres précieux et des insectes baroques. Il laissa s’épanouir une friche, harmas en provençal et, dans son cabinet de curiosités, aligna les coquilles, épingla des papillons, s’adonna à l’étude.

Pendant trois décennies il herborisa, courut les flancs du mont Ventoux, étudia l’évolution des espèces, collectionna les fossiles, aima les bêtes et composa d’inoubliables « souvenirs entomologiques » sur une table de bois.

Leur lecture m’avait appris qu’on pouvait s’ouvrir au monde dans le secret d’un jardin, fonder un système de pensée en regardant les herbes, passer à la postérité protégé de la rumeur du monde et développer une philosophie totalisante qui ne propulsait pas l’homme au sommet de toute considération.

Un insecte est une clef, digne de la plus noble joaillerie, pour ouvrir les mystères du vivant.

 

Sylvain Tesson, Sous les chemins noirs, Paris, Éditions Gallimard nrf, 2016, p. 66.

No comments yet

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS