Un discours sur le sport quasi contemporain
Et nous sommes pourtant en mai 1906 à Montréal. Les sports ont souvent changé, mais parfois, dans ce texte, le discours est très actuel.
Les sports en général, personne ne peut aujourd’hui se le dissimuler, ont depuis un certain nombre d’années une popularité et une importance telles que tous, nous sommes forcés de reconnaître leur pratique comme salutaire, non seulement au point de vue hygiénique, mais aussi au point de vue de la saine morale et des bonnes mœurs.
Dans les collèges ou écoles dirigés par des ecclésiastiques aussi bien que dans nos universités, les autorités se font un devoir de pousser les élèves à pratiquer le sport, et ce aussi souvent que leurs loisirs le leur permettent.
Autrefois, les sports étaient considérés comme choses négligeables, mais, depuis quelques années, grâce au concours puissant de nos nombreuses associations athlétiques tant française qu’anglaise, les gens s’y sont habitués peu à peu, suivant avec une attention soutenue les multiples tournois organisés un peu partout, et encourageant de leur présence nos athlètes.
Si bien qu’aujourd’hui, aucun concours ou tournoi sportif n’a lieu sans qu’on y voit des milliers et des milliers de spectateurs. Nous dirons même que dans certains cas nous attachons autant d’importance aux victoires des athlètes que s’il s’agissait d’une grande conquête. Nous en faisons très souvent une question nationale, et il n’est pas rare de voir des population s entières célébrer par des réjouissances générales la victoire de l’un des leurs. […]
Voilà où en est le sport aujourd’hui. Il est indispensable à toutes fins, et vieillards comme adolescents doivent le pratiquer en autant que l’âge et la condition le leur permettent, naturellement. […]
Les ligues formées par des gens appartenant à la haute finance occupent l’attention générale et l’on attend sans cesse les rapports des journaux quotidiens [les autres médias n’existent pas encore], pour suivre avec plus d’attention les résultats des opérations discutées et projetées par nos magnats du sport. […]
Comme on peut le constater, les sports sont à la mode ; personne ne peut maintenant en avoir le moindre doute.
La Patrie (Montréal), 19 mai 1906.
Le dessin de joueurs de crosse en pleine action, faisant la une du journal, accompagne ce propos de la page 4.