Des haïkus de Carleton-sur-Mer, en Gaspésie
L’auteure France Cayouette vit à cet endroit, dit le quatrième de couverture de son livre. Pour le haïku, il peut être important de mentionner le lieu de vie de l’auteur, car souvent il décrit en quelques mots un instant qui peut prendre les couleurs de l’endroit.
Mais qu’importe, voici quelques haïkus de cette dame du bord de la mer :
devant moi
le dos courbé de ma mère
admirant les montagnes
mon père
un fruit et l’odeur de l’usine
dans sa boîte à lunch
à l’horizon
il ouvre le paysage
le marcheur matinal
soudain ailée
dans le bec du jaseur
la fleur de pommier
silence sur la dune
poursuivie par un chien errant
l’ombre d’une mouette
entre chien et loup
juste avant les étoiles
le village d’en face
offerte soudain
dans l’air doré de septembre
l’aura de chaque chose
la pluie
sur le toit de tôle
la pluie la pluie
rien ni personne
sauf l’œil entrouvert du chien
de temps en temps
une femme coud
dans le repli du soir
silence en pointillé
les ombres des arbres
ont traversé la cour
je ravive le feu
l’air est vif
la lune me suit
dans les bouleaux
France Cayouette, La lenteur au bout de l’aile, Ottawa, Éditions David, 2007.