Un poème de circonstance
Hier après-midi, avait lieu, au salon mortuaire, la rencontre de celles et ceux qui ont connu et aimé l’homme de théâtre Paul Hébert, puis on célébrait ses funérailles à 17 heures. Je vous racontais, il y a quelques jours, mes huit mois de vie avec lui durant l’année 1973 pour l’écriture de la pièce de théâtre Québec, Printemps 1918.
En matinée, chez moi, je lisais des textes du poète hongrois Endre Ady (1877-1919) et l’un d’entre eux m’a semblé tout à fait de circonstance. Notre cher Paul aurait peut-être pu, quelques heures plus tard, qui sait, nous saluer de cette manière.
Compagnons du guet, faites vigilance !
Compagnons du guet, faites vigilance !
Pleines sont les nuits d’étoiles filantes.
La Saint-Jean, un parc et des vers luisants,
Mille souvenirs des étés d’antan,
Été de Florence et parmi ses feux,
L’automne au Lido, son geste d’adieu,
Des salles de danse au petit matin,
Riches de vapeur et de serpentins,
De mille beautés présentes, passées,
Beautés par la mort jamais effacées ;
Vivants, disparus que nos âmes veillent,
Sourires lointains de cœur sans pareil,
Cela vous regarde, angoissés d’attente
Compagnons du guet, faites vigilance.
Compagnons du guet, faites vigilance !
Elle va la vie et se veut ardente.
Si nous lui devons tant de choses belles
Ce n’est pas pour que l’horreur et la haine
Viennent aujourd’hui la fouler aux pieds.
De l’homme ici-bas le sort est si triste
Et si bête es-tu, mot d’ordre héroïque !
Les nuits, leurs semis d’étoiles filantes
Ne font oublier cette foi puissante
Que l’homme aujourd’hui met dans la beauté
Vous les esseulés toujours en attente
Compagnons du guet, faites vigilance.
Adaptation de Paul Chaulot
Endre Ady, Présentation par György Ronay, Choix de poèmes établi par Guillevic et Laszlo Gara, Paris. Éditions Pierre Seghers, 1967. Poètes d’aujourd’hui 160. J’ai modifié le titre du poème d’Ady, les Éditions Pierre Seghers lui préférant plutôt « Avertissement aux veilleurs ».
Quel élan de vie, quelle beauté, quelle force!!!
Merci mon cher jean de l’avoir partagé avec les vôtres, mon coeur d’Hongroise se réjouit de voir vivre ce cher Endre ADY!
Dès la lecture de ce texte hier matin, chère Melinda, (je n’avais trouvé le livre que la veille chez un bouquiniste !), tout de suite, je me suis dit que ce chant pour les veilleurs était tout à fait de circonstance pour ma journée.
C’est vraiment un fort beau texte !
Je Vous embrasse.