Au temps où les poètes d’ici chantaient la femme
Au tournant du 20e siècle, un peu avant, un peu après 1900, plusieurs journaux québécois diffusent dans leurs colonnes des poèmes. Et beaucoup de ces derniers tiennent du chant d’amour rédigé par un homme adressé à une femme dont nous ne connaissons qu’une initiale de son nom.
Celui-ci est de J. W. Poitras. Extrait.
À Mademoiselle C….
J’irai sous le grand chêne, où, candide une voix
Me disait si charmantes choses,
Me parlait du bonheur qui vibrait dans le bois,
Et du doux langage des roses.
Jamais l’astre du jour ne m’a paru plus beau,
Jamais plus douce sa lumière,
Jamais mieux compris les accents de l’oiseau
Dans sa romance printanière.
Dis-moi, O jeune vierge ! Oh ! oui, toi qui parlais
À mes côtés sous le grand chêne,
Dis-moi si sur ton front le ciel mit ses reflets
Et sa candeur dans ton haleine !
Dans ta voix, ton regard, pétillait ce doux feu
Qui fit naître plus d’un poème,
Il enflamma mon âme…. Ah ! fais m’en donc l’aveu,
Voulut-il me dire : « Je t’aime ? »
J. W. Poitras
Montréal, 10 avril 1890.
Le Monde illustré (Montréal), 10 mai 1890.