Dans la série « Phrases magnifiques et imparables » (3)

J’aime beaucoup croiser ce grand homme des communications qu’est Florian Sauvageau. Nos moments sont furtifs, mais toujours agréables.

Cette semaine, dans une maison de la presse, je lui rappelais, une copie du journal Le Monde édition du mercredi en main, celle du cahier « Science et médecine », qu’il m’avait déjà dit que ça coûtait cher financièrement pour être bien informé.

À 6$ l’unité depuis la semaine dernière, ce n’est vraiment pas donné. Aussi faut-il s’assurer maintenant que le contenu nous plaise avant d’acheter. Finies les dépenses à l’aveugle.

Mais on découvre parfois qu’une seule phrase valait le prix d’achat.

Je lui fais part d’aimer beaucoup le cahier Science et médecine du Monde pour la variété des découvertes auxquelles on fait écho, allant des dernières trouvailles sur les fins fonds de l’Univers jusqu’à l’intelligence de la coccinelle.

Lui tient en main l’édition du jeudi du quotidien Le Figaro, au même prix que Le Monde, 6$. Il aime particulièrement cette édition du jeudi, me dit-il, pour son cahier littéraire.

Et je cède. Simplement pour voir de quoi ça retourne.

Ce n’est pas mal du tout. Quoique l’histoire de la droite française sur deux pleines pages m’intéresse moins. Mais il y a du Satie, une entrevue avec Pivot. Et que trouve-je ? Une phrase à 6$. Celle-ci.

Je suis parfois traversé d’un sentiment de bonheur éclatant, qui ébranle toute mon âme, et dans ces minutes d’harmonie, le monde qui m’entoure revêt son aspect véritable — équilibré et nécessaire —  et ma structure intérieure, spirituelle, correspond à la structure extérieure des choses, au milieu, à l’univers — et inversement.

Elle est du cinéaste soviétique Andreï Tarkovski (1932-1986). Le journaliste Thierry Clermont donne un compte rendu — Une quête inassouvie de liberté — de deux ouvrages de lui qui viennent de paraître aux Éditions Philippe Rey : Journal 1970-1986 et Récits de jeunesse.

Tarkovski avait écrit cette phrase au printemps 1982.