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Même un livre sur la vie de la Nature dans les banlieues peut appartenir à la catégorie des livres de sagesse

Ce type de livre savait l’être, voilà 40 ou 50 ans. En 1970, par exemple, la maison Stock nous propose La vie sur une planète mal connue, de l’entomologiste du Connecticut, Howard Ensign Evans (1919-2002). Voyez.

Assis sous son porche, il ouvre son ouvrage avec une réflexion sur la mouche depuis la Nouvelle-Angleterre, voisin de chez Thoreau. Extraits.

Je me chauffe au soleil, père de toutes choses, sans qui les feuilles ne pourraient croître, ni la vie continuer. Plus que la nuit, l’été apporte les songes. On dirait que, pour un moment la chair se dissout, retourne au chaos original dont elle est sortie il y a si longtemps, pour quel étrange destin ! J’aime cet univers de flamme vibrante, aux formes indécises, au silence angoissant. Soudain un chien aboie, et je comprends que je m’étais assoupi.

Une mouche danse sur la rampe. Sait-elle qu’elle pénètre dans le saint des saints, la maison de campagne d’un humain ? […] En admettant que je vive jusqu’à quatre-vingt-dix ans, je n’aurai jamais autant de postérité qu’elle, et je ne pourrai pas marcher au plafond. Mais j’en connais beaucoup sur son compte, alors qu’elle m’ignore. […]

Puisque Thoreau conversait avec les marmottes, il doit être possible d’engager le débat avec une mouche. Son sans-gêne est le signe des temps. Elle résiste au D.D.T., au B.H.C., et à une quantité d’autres insecticides, mais elle se laisse encore prendre à la glu. Curieux qu’il soit plus facile de raser une montagne ou de tirer des plans sur la lune que de comprendre les mouches ! […]

Plus je vais, plus ma conversation devient amicale avec la mouche qui fait sa toilette sur ma balustrade. Le monde se transformerait en charnier sans cet animal. Sans lui, nous ignorerions bien des choses au sujet des cycles de reproduction, des fonctions nerveuses et de l’hérédité. Serions-nous plus pauvres sir Shelley n’avait pas écrit son Ode à l’alouette et Lanier Les Marais de Glynn ? Combien de gens seraient morts sans la découverte de la pénicilline ? Comment osons-nous détruire la moindre parcelle du manteau vert qui recouvre la terre ? Chaque être vivant est infiniment précieux en soi. Le monde en produit une telle diversité que je me demande parfois pourquoi nous nous lassons de trembler et d’admirer.

 

Et l’auteur de nous entraîner par la suite dans une réflexion sur beaucoup de petits insectes qui vivent avec nous dans nos banlieues.

Voyez ci-haut la page 86 de son livre, qui montre comment chez les lucioles le mâle, depuis son cerveau, déclenche grâce à son système nerveux des lumignons d’intensité variable, pour une femelle espérée de son espèce. Les autres, tout autour, l’indiffèrent.

Source : Howard E. Evans, La vie sur une planète mal connue, Paris, Éditions Stock, 1970, 239 pages.

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