Toujours des tempêtes à ce temps de l’année
Nous ne sommes qu’au début de février.
La région de Montréal a été ravagée samedi et hier par la plus terrible tempête depuis celle du jour «de Ladysmith», en mars 1900. […]
On calcule que la ville et la compagnie de tramways perdent de ce coup près de cent mille dollars. […]
Depuis quatre heures du matin, samedi, jusqu’à 4 heures de l’après-midi, hier, la neige est tombée sans interruption, augmentant d’épaisseur à mesure que le vent s’élevait, jusqu’à ce qu’une tempête effroyable fut déchaînée.
Il est tombé dans cet intervalle de 36 heures 18 pouces de neige [plus de 45 cm].
La neige et le vent n’étaient pas les seuls agréments de la température. Pendant que le vent entassait les montagnes de neige, le thermomètre descendait jusqu’à 9 degrés au-dessous de zéro. Mais ces 18 pouces de neige n’était que le couronnement d’une semaine de mauvais temps. […]
Il y a des années que les rues n’ont pas été aussi pleines de neige et il se passera des semaines avant qu’on les ait nettoyées, à moins qu’il ne survienne un dégel, qui nous amènerait une véritable inondation, ce que personne ne souhaite. […]
M. Barlow [ingénieur de la ville] dit que cette tempête est la plus considérable que nous ayons eue depuis la fameuse tempête du jour de la prise de Ladysmith, en 1900, mais qu’elle n’approche pas encore celle-ci, alors que toute circulation avait été interrompue dans les rues pendant des heures et des heures.
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La ville de Trois-Rivières n’y échappe pas.
Ça a été l’une des plus fortes que l’on ait vues depuis longtemps. La neige, poussée par le vent du nord-est qui soufflait en ouragan, n’a cessé de tomber toute la journée. Toute communication a été suspendue et le commerce arrêté. Les cultivateurs de la campagne venus pour le marché vendredi ont été forcés de rester en ville.
Dans certaines parties de la ville, la neige a atteint la hauteur de 10 à 12 pieds. Près de l’église de la paroisse, il y a un banc de neige de 15 pieds de hauteur [4, 57 mètres].
Dans les rues transversales, il s’est trouvé des maisons enneigées ; les occupants étaient comme emprisonnés, il leur était impossible de sortir par la porte de devant, ni par la porte de derrière. Il n’y a eu aucune malle reçue dans la journée au bureau de poste, tous les trains étaient bloqués.
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Québec est touché également.
Le fleuve est couvert de glace d’une rive à l’autre, et à toutes les marées il y a danger sérieux qu’elle bloque dans la clé et nous donne un pont entre Québec et Lévis. Toute la semaine, les traversées ont été si difficiles qu’il fallait suspendre le service de bonne heure dans l’après-midi. Les passagers qui arrivaient à Lévis par l’Intercolonial ou le Grand Tronc ne pouvaient se rendre à Québec. Vendredi soir, par exemple, ils étaient si nombreux que plusieurs n’ont pu trouver à se loger dans les hôtels qui étaient bondés, et ont dû aller se réfugier à la station de police.
La Patrie (Montréal), 3 février 1908.