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Pourrait-on arriver à domestiquer un serpent de mer ?

On se le demande après avoir vu les agissements de celui qui passe l’hiver sous les glaces du fleuve Hudson, tout près de New York.

Un des nombreux serpents de mer, dont l’existence a été constatée, l’été dernier, par des hommes d’une sobriété et d’une véracité à toute épreuve, paraît avoir établi ses quartiers d’hiver dans l’Hudson entre Tivoli et Kingston Point, aux portes même de New-York.

Aussi sobre et aussi honorable que tous ceux qui avaient déjà vu le serpent de mer avant lui, un pêcheur des environs de Tivoli, du nom de Brown, vient de se trouver face à face avec le monstre et de faire une découverte qui pourra être de la plus grande utilité pour maintenir la navigation sur le fleuve pendant l’hiver.

Étant allé tendre ses filets, ces jours derniers, Brown a été tout surpris de trouver une grande crevasse toute faite dans la glace. Il était occupé depuis quelques instants à y tendre ses filets, lorsque tout à coup il lui a semblé que la glace se soulevait sous ses pieds, et en même temps il a entendu au-dessous un gros bouillonnement. Il n’était pas encore revenu de sa surprise qu’il a entendu un craquement soudain à quelque distance de lui; puis il a vu le serpent de mer passer sa tête monstrueuse à travers la glace, avec la même facilité que, dans un cirque, un écuyer passe au travers d’un rond de papier.

Le serpent, qui de sa queue faisait bouillonner l’eau et tomber la glace sous les pieds du pêcheur attéré, s’est mis à fixer Brown avec ses yeux grands comme des assiettes et étincelants comme deux lampes électriques. Après avoir fixé le pêcheur pendant quelques minutes, le serpent a rentré la tête dans son trou, et d’un vigoureux coup de queue a fait sauter en l’air d’énormes blocs de glace, faisant ainsi une grande ouverture au milieu du fleuve sur plusieurs pieds de long.

Brown est le premier qui ait vu le serpent de mer dans l’Hudson pendant l’hiver et il est convaincu que, si l’on trouve le moyen de s’emparer du monstre et de le dresser, on l’emploierait avec succès pour ouvrir un chenal à travers la glace pendant l’hiver.

 

Le Canadien (Québec), 18 janvier 1887.

Tout à fait contemporain du navigateur Jacques Cartier, le religieux et écrivain Olaus Magnus (1490-1557), à la vive imagination et au crayon digne d’être l’ancêtre de tous les dessinateurs, a peuplé, en son temps, les mers du monde, celles connues des Européens, de dessins de toutes sortes, y compris de serpents de mer. On trouvera l’illustration de ce serpent de mer sur le site suivant.

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